Berlin interdit "la vraie religion"
16 novembre 2016"L‘état n’intervient plus seulement contre les seuls „combattants du Jihad sur le point de commettre des attentats", se félicite le Kölner Stadt-Anzeiger: "Les services de sécurité mettent aussi de plus en plus les milieux militants sous pression, les propagandistes et ceux qui s’occupent de la logistique pour le jihad. C’est dans ce contexte qu’il faut voir ces razzias, selon le journal de Cologne : Elles visent à raison ceux qui entraînent des jeunes gens dans la démence de l’organisation "Etat Islamique."
Après les opérations policières, le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière a décidé d'interdire "La vraie religion", l'accusant de recruter des jeunes pour combattre dans les rangs de l'Etat islamique, rapporte la Süddeutsche Zeitung : " Le ministre de l’Intérieur a interdit une association qui, derrière une façade pieuse, enrôle et recrute des jeunes gens pour la guerre en Syrie, glorifie la violence, diffame les non-croyants, les qualifiant de sous-hommes et menace les Musulmans qui ont une autre vision des choses. Une association qui travaille à la destruction de la démocratie, de l’état de droit et de la liberté. Interdire une organisation politique ou religieuse est toujours délicat et les critères juridiques pour le faire sont stricts, à juste titre. Mais dans ce cas l’interdiction prononcée est tout à fait justifiée", conclut le quotidien de Munich.
"Ce que les razzias ne réussiront pas à faire, c’est d’assécher vraiment les milieux salafistes en Allemagne", estime le quotidien Rhein- Zeitung de Coblence: "Leur idéologie est déjà trop répandue, leurs structures trop flexibles, leurs réseaux sont trop bien organisés et ils profitent de soutiens professionnels. Et c’est pourquoi le travail de prévention- aussi banal que cela s’entende- est sans doute l’arme la plus efficace contre les salafistes. Des jeunes désorientés sur le point de s’engager sur une mauvaise voie doivent être récupérés par la société, souligne l’éditorialiste qui estime que les responsables politiques peuvent faire davantage pour le financement et l’équipement de projets de prévention..."
Autre thème : La visite du chef de la diplomatie allemande en Turquie
"Froide", c’est là un qualificatif plutôt réservé pour décrire l’atmosphère dans laquelle s’est déroulée hier la visite officielle du ministre allemand des Affaires étrangères Frank Walter Steinmeier en Turquie, visite intervenue dans un contexte de tensions entre Berlin et Ankara.
Les journaux rappellent que la semaine dernière encore, le président Erdogan a accusé l'Allemagne d'"héberger" des terroristes kurdes. Le quotidien Landeszeitung parle d’un éclat après que le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu ait déclaré mardi "en avoir assez de la condescendance des Européens", que ce soit dans les négociations sur la candidature turque à l'Union européenne ou dans les propos de pays comme l’Allemagne qui critiquent la politique d’Ankara. Après les nombreuses arrestations, les atteintes à la liberté de pensée et la liberté de la presse, Frank-Walter Steinmeier a parlé "des inquiétudes de Berlin ".
Face à l’attitude d’Ankara, d’autres journaux comme le Darmstädter Echo plaident pour une attitude plus ferme de Berlin et de ses partenaires occidentaux vis-à-vis du régime du président Recep Tayyip Erdoga, car si on ne leur oppose qu'une rhétorique diplomatique, les Erdogans de la planète finissent par vous traiter comme une poule mouillée ! "