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La ruée vers l’or blanc ne bénéficie pas aux populations

Wendy Bashi
14 novembre 2023

Global Witness montre que l'exploitation du lithium s’accompagne encore souvent de corruption et est responsable de nombreuses violations des droits humains.

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2017 République tchèque, Cinovec | Otto Janout, Geomet, explore les gisements de lithium dans une ancienne mine (Photo d'illustration)
Global Witness a enquêté sur trois mines de lithium émergentes au Zimbabwe, en Namibie et en République démocratique du Congo (Photo d'illustration)Image : Petr David Josek/AP Photo/picture alliance

Que ce soit au Zimbabwe, en Nambie, ou en République démocratique du Congo, Global Witness révèle que la convoitise du lithium alimente la corruption et nuit aux communautés sur le continent africain.

Colin Robertson, chercheur chez Global Witness, cite ainsi le cas de la Namibie, où une société minière chinoise, qui exploitait illégalement un gisement de lithium, fait l'objet d’une enquête de la commission anti-corruption namibienne.

Dans ce pays, la population locale a organisé des manifestations contre l’entreprise chinoise Xinfeng Investments, en affirmant que la société n’avait pas réalisé d’étude d'impact environnemental et que ses opérations ont eu un impact sur la faune et sur le tourisme.

"Le prix à la production est fixé en défaveur des exploitants artisanaux" (Lazare Mwilambwe)

Colin Robertson revient aussi sur le cas du Zimbabwe où, comme en Namibie, des entreprises minières sont accusées de violer l’interdiction d’exporter du minerai brut.

"Au Zimbabwe, nous avons constaté qu'il y a des individus et des entreprises qui sont visés par des sanctions de l'Union européenne et des Etats-Unis qui apparaissent désormais dans le secteur du lithium. D'importants volumes de lithium sont transportés par camion hors du pays, malgré une interdiction d'exportation actuellement en vigueur. "

Conditions de travail difficiles

Après le Zimbabwe et la Nambie, Global Witness s'est également intéressé au cas de la République démocratique du Congo et plus précisément au territoire de Manono.

L'exploitation du lithium, de la cassitérite et du coltan se fait essentiellement de manière artisanale dans le territoire de Manono.

Lazare Mwilambwe, acteur de la société civile à Manono, admet que ce travail constitue un moyen de subsistance pour de nombreuses familles. Mais il déplore le faible salaire offert aux mineurs artisanaux et le travail des enfants sur ces exploitations.

"Le prix à la production est fixé en défaveur des exploitants artisanaux. Généralement, il n'atteint même pas un dollar le kilo. Dans les entreprises minières qui sont présentes au Tanganyika, dans le territoire de Manono, c'est régulièrement que l'on trouve des enfants dans les mines et ils font les mêmes travaux que les adultes. On remarque aussi une présence régulière des femmes enceintes dans les mines du territoire de Manono. "

Maurice Kabange est le coordinateur provincial de l'Union des jeunes Congolais pour le changement dans la province du Tanganyika. Il affirme que les populations riveraines bénéficient peu de cette activité minière.

"Cela va faire plus d'une année que les minerais sont exploités au niveau de Manono, sous prétexte qu'ils sont toujours dans les sondages. Autant vous dire que c'est une perte pour la population qui ne bénéficie de rien. "

Dans son rapport, Global Witness souligne que les chaînes d'approvisionnement en minéraux pour les batteries qui alimenteront la révolution de l'énergie verte devraient profiter aux pays producteurs.

Malheureusement, c'est loin d'être le cas et l'ONG s'inquiète que cette exploitation pourrait contribuer à enraciner la corruption, échouer à développer les économies locales et nuire aux citoyens et à l'environnement.