La réforme de la PAC débattue à Bruxelles
19 novembre 2008La partie promet d'être ardue. Hasard du calendrier, c'est l'un des pays qui profite le plus du système actuel des subventions agricoles, la France, qui mène les débats pendant ces deux jours à Bruxelles. Il s'agit de réformer un système qui régit l'agriculture européenne depuis 1962, une époque où l'Union n'était composée que de six membres. Même si la réforme est inévitable, elle n'est pas pour autant une pilule facile à avaler pour les pays fondateurs, dont l'Allemagne fait partie. Pour plaider la cause allemande à Bruxelles, Berlin a envoyé sa nouvelle ministre de l'Agriculture, Ilse Aigner :
« Ca va être dans tous les cas extrêmement difficile parce que les opinions sont vraiment différentes. Je vais essayer de présenter la position de l’Allemagne, le fait que nous avons besoin d’un fonds pour le lait pour une période de transition et qu’il faut bien sûr prendre en compte cette situation particulière. »
Ilse Aigner met le doigt sur un sujet particulièrement sensible : les quotas laitiers. Introduits en 1984 pour lutter contre la surproduction, ils doivent être supprimés en 2015. La réforme prévoit donc une augmentation progressive des quotas jusqu'à cette date, à raison d'un pourcent par an. Contrairement à l'Italie, l'Espagne ou les Pays-Bas qui souhaitent un relèvement aussi rapide que possible de ces quotas, les producteurs allemands craignent que cela entraîne une baisse massive des prix du lait et, à terme, leur faillite. Isidor Burg, producteur de lait en Forêt Noire :
« En gros cela revient à nous condamner à mort parce que nos coûts de production sont tout simplement trop élevés. Je suis un petit agriculteur, j’ai un contingent de 100.000 litres, j’ai 20 vaches – ça va être dur. »
L'Allemagne réclame donc la mise en place d'un fonds de soutien pour les producteurs de lait. Une idée qui semble faire son chemin à Bruxelles. Le fond pourrait être alimenté par l'argent économisé sur les subventions. C'est d'ailleurs l'autre volet principal de la réforme de la PAC : la Commission européenne veut tirer un trait sur le couplage des aides, c'est à dire sur le lien entre montant des subventions et volume de production. Les plus grandes exploitations, qui profitent actuellement des 53 milliards d'euros d'aide, verront leurs subventions réduites au profit de projets de développement rural et de protection de l’environnement. L'Allemagne, qui a hérité d'immenses fermes de l'ancienne RDA, n'est, là non plus, pas très enthousiasmée par ce projet.