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La mort de Nicola Calipari soulève l'Italie

Yann Durand7 mars 2005

La mort de l’agent secret italien Nicola Calipari lors de la libération de Giuliana Sgrena exacerbe les sentiments anti-américains en Italie, où la discussion au sujet du retrait des troupes d’Irak ne cesse d’enfler. Il semble que les preneurs d’otage aient atteint leur objectif primaire. La presse allemande s’en fait l’écho ce matin.

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Giuliana Sgrena de retour sur son sol
Giuliana Sgrena de retour sur son solImage : AP

« Héros Tragique » titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce rôle est assuré pour Nicola Calipari auprès de tous les italiens. L’agent secret qui a oeuvré avec succès dans plusieurs affaires d’enlèvement en Irak était considéré comme compétent et modeste. Une personnalité appréciée dont la mort pousse Silvio Berlusconi, pourtant ostensiblement lié d’amitié avec Georges Bush, a exiger qu’un responsable soit trouvé. Politique intérieur oblige.

Pourquoi Nicola Calipari devait-il mourir ? s’interroge la Tageszeitung de Berlin. La réponse, prévient le journal, ne viendra ni des enquêteurs américains ni de leurs homologues italiens. Les premiers, cela va de soi, ne pouvant pas s’en prendre à eux-même, et les seconds ne disposant que des dépositions de Giuliana Sgrena et du chauffeur. Dans ces conditions, les supputations vont bon train : Les américains en voulaient à la journaliste, qui possèdent des informations sensibles disent certains... d’autres affirment et c’est plus plausible, que les USA sont systématiquement contre le versement d’une rançon, d’où la tentative de sabotage.

Les véritables raisons de la fusillade ne seront probablement jamais éclaircies renchérit la Frankfurter Rundschau. Mais au moins le voile est levé sur un mensonge. Celui d’une mission de paix en Irak. Les troupes italiennes participent à la guerre d’occupation des forces américaines et ce en non-conformité avec la constitution. Elles sont en outre traitées en vassal, et ce n’est pas la première fois. On se souvient des pilotes US acquittés après l’accident du téléphérique en 1998 où de l’avion abattu par un bombardier américain qui avait couté la vie à 80 personnes en 1980. Silvio Berlusconi, conclut le journal, aura du mal à défendre sa politique irakienne car l’opposition a le vent en poupe, qui exige un retrait des troupes.

Quant à la Süddeutsche Zeitung, elle constate le triomphe des kidnappeurs. Des milliers de morts restent dans l’ombre lorqu’il s’agit d’Irakiens. Dans le cas d’une otage en provenance d’Italie, un membre important des forces de coalition, l’intérêt médiatique est immédiat. Un intérêt monnayable et monnayé après que le retrait des troupes italiennes se fut avéré hors de portée. Et pourtant, ironise le journal, quelle bonne surprise pour les preneurs d’otage de voir qu’au bout du compte, les américains eux-même leur donnent un coup de pouce dans leur entreprise.