La haine au cœur
5 mars 2010Entre cinq et douze années de prison pour les islamistes qui avaient projeté des attentats meurtriers à la bombe en Allemagne, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui replace ce procès dans la perspective du stockage massif des données individuelles. Comme on le voit, l'État a de bonnes raisons de collecter les données. Les attendus du jugement du tribunal de grande instance de Düsseldorf sont clairs : les accusés prévoyaient de perpétrer les plus graves attentats islamistes en Allemagne. Le fameux « danger » qu'évoque régulièrement le Ministère de l'intérieur est bien concret.
Les attentats projetés n'étaient pas des chimères, souligne la Süddeutsche Zeitung. Mais le soulagement suscité par la mise sous les verrous pour longtemps des apprentis terroristes ne durera pas longtemps. Le terrorisme n'est plus depuis longtemps un produit d'exportation exclusif des pays arabes. Il fleurit aussi en Allemagne, cultivé par des prédicateurs musulmans haineux. Le problème : personne ne sait encore comment contrer efficacement cette menace.
C'est dans ce contexte que Die Welt revient sur la victoire hier du populiste néerlandais Geert Wilders aux élections communales aux Pays-Bas. Une victoire qui s'inscrit dans une tendance européenne. Les Suisses refusent la construction de minarets, les Français cherchent comment interdire la burqua dans l'espace public et débattent de l'identité nationale. Il faut savoir que ces trois pays sont ceux qui présentent, en Europe, la plus haute proportion de musulmans dans leur population. Et ils expriment chacun à leur manière le malaise qui préoccupe leurs citoyens.
La Frankfurter Rundschau tire un parallèle avec l'Allemagne : la recette de Geert Wilders s'inspire de la stratégie de l'extrême-droite allemande qui fait campagne par exemple avec des slogans tels que « L'école plutôt que la mosquée ». Certes, le PVV, le parti de monsieur Wilders, est moins brutal lorsqu'il inscrit dans son programme « La constitution plutôt que la charia ». Mais en réalité, il finasse en jouant sur la différence entre islam et islamisme.
La Tageszeitung, en reproduisant une affiche électorale de Geert Wilders, tout blond et tout sourire, affublé d'une moustache à la Adolf Hilter, titre « Le Hollandais haïssant ». Si le quotidien de Berlin s'inquiète de la progression du parti populiste qui, de 6 % aux législatives de 2006, a dépassé les 17 % aux européennes de 2009, il tempère les craintes et relève l'absence de structures régionales et nationales du PVV. En effet, sans elles, où trouver les futurs candidats députés ?