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La différence entre les génocides au Rwanda et en Namibie

28 mai 2021

Berlin a reconnu avoir commis un génocide en Namibie au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron au Rwanda. Décryptage.

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Ruanda Gedenkstätte an Völkermord in Nyamata
Image : Getty Images/AFP/S. Maina

Au cours de sa visite, Emmanuel Macron a reconnu  "une responsabilité accablante dans un engrenage qui a conduit au pire", à savoir un autre génocide, celui en 1994 des Tutsis par le pouvoir rwandais.Pour autant, la concomitance de ces deux annonces ne doit pas faire oublier que ces tragédies ne sont pas comparables : l’Allemagne a commis un génocide en Namibie mais la France n’a pas commis de génocide au Rwanda.

Emmanuel Macron visite le mémorial du génocide à Kigali, le 27 mai 2021
Emmanuel Macron visite le mémorial du génocide à Kigali, le 27 mai 2021Image : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

En Namibie, le génocide a été commis par l’armée allemande qui a massacré entre 1904 et 1908 au moins 60.000 Herreros et environ 10.000 Namas. Ces communautés ayant été spoliées de leurs terres et de leurs bétails, elles se sont révoltées contre la puissance coloniale d’alors, tuant une centaine de civils Allemands. 

Envoyé pour mater la rébellion, le général allemand Lothar von Throta va alors ordonner l’extermination des Herreros et utiliser pour cela des méthodes génocidaires : massacres, exil dans le désert, où des milliers de personnes vont mourir de faim et de soif, et détention dans des camps de concentration, dont celui de Shark Island où opérait le médecin Eugen Fischer, dont les thèses racistes ont influencé plus tard Adolf Hitler.

Lorsque les Namas se révoltent à leur tour, ils subissent la même répression brutale, faisant de ces massacres un événement considéré par les historiens comme le premier génocide du 20e siècle.

La France n'a pas participé aux massacres

Dans le cas de la France au Rwanda, la situation est différente. Au cours de sa visite, la deuxième d’un dirigeant français depuis la fin du génocide de 1994, Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de son pays dans le drame qui a frappé ce pays où près d’un million de personnes, essentiellement des Tutsis, ont été tués. 

Avant son décès dans un attentat, Juvénal Habyarimana avait le soutien de l’ancien président français François Mitterrand
Avant son décès dans un attentat, Juvénal Habyarimana avait le soutien de l’ancien président français François MitterrandImage : Imago

Mais si le gouvernement de l’époque et le président François Mitterrand ont soutenu un pouvoir génocidaire, celui de Juvénal Habyarimana, rendant la France aussi responsable de ce drame, l’armée française n’a pas participé aux massacres. Elle a néanmoins assisté à des tueries sans intervenir car le pouvoir politique ne lui en a pas donné d’ordres. 

C’est en cela que le rôle de l’Allemagne dans le génocide en Namibie n’est pas comparable à celui de la France au Rwanda.