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La crise anglophone s’aggrave au Cameroun

Henri Fotso
2 février 2018

25 militaires ont été tués en trois mois. Et plus de 33.000 réfugiés ont fui vers le Nigeria, la répression de l'armée dans les deux régions anglophones. La crise anglophone prend une ampleur inquiétante au Cameroun.

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Kamerun Sprachenstreit um Englisch
Image : Getty Images/AFP

Njitoung et Souzok sont deux gendarmes camerounais attaqués jeudi à un check-point dans la localité de Bingo, au nord-ouest du Cameroun.

Selon le récit d’un autre gendarme, ceux-ci auraient tiré une dizaine de fois sans abattre les assaillants cagoulés qui seraient parvenus à venir jusqu’à eux avant de les poignarder.

Le bilan s'alourdit

Les deux soldats, un homme et une femme, sont morts peu de temps après à l’hôpital, ainsi qu'un civil touché par balle dans la ville de Santa et un militaire abattu à Bamenda par des individus circulant à moto.

Ces nouvelles attaques portent à 25 le nombre de soldats camerounais tués en trois mois dans la crise anglophone. L’escalade suscite de nombreuses réactions.

"Lorsque les autres ont décidé de faire ce qu’ils ont fait là, vraiment, ça me fait mal au cœur. A cause de ces actes, beaucoup de gens ont perdu la vie", a réagi maître Achu Ngu Tabe Julius, avocat anglophone depuis 30 ans au barreau du Cameroun.

Pour lui, "le bas peuple est en train de souffrir. Par exemple, on dit qu'il faut boycotter les écoles. Mais on va créer une génération d'illettrés. Ce n’est pas normal. On dit qu’il faut qu’il y ait des villes mortes. Mais les mamans qui vendent les légumes là, les légumes ne peuvent être conservé pendant longtemps."

Multiplication des attaques

Les séparatistes semblent plus offensifs depuis l’arrestation au Nigeria, le 5 janvier dernier, de leur leader Sisuku Julius Ayuk Tabe et 46 autres personnes. Une arrestation suivie par leur extradition au Cameroun cette semaine.

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Image : Getty Images/AFP

En effet, les forces de sécurité ont désamorcé des bombes à Bamenda ces derniers jours, alors qu'un véhicule du Bataillon d'intervention rapide a sauté sur une mine dans la région du sud-ouest la semaine dernière, faisant des blessés.

Le gouverneur du nord-ouest du Cameroun vient d’interdire la circulation des minutions et des armes de chasse. Pendant ce temps, des villages se vident dans le sud-ouest.

Plus de 33.000 personnes, dont des agriculteurs et des fonctionnaires, ont trouvé refuge ces quatre derniers mois dans l’Etat nigérian de Cross River, selon l’Agence locale de gestion des urgences.