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La crise anglophone ignorée au Cameroun

Henri Fotso
12 octobre 2018

Le débat post-électoral porte avant tout sur les irrégularités qui ont émaillé le processus et la victoire proclamée de Maurice Kamto. Mais la crise anglophone est totalement oubliée.

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Kamerun Präsidentschaftswahl Wahlkampf | Maurice Kamto
Image : DW/H. Fotso

 Depuis lundi, soit quatre jours seulement après l’élection présidentielle du 7 octobre dernier, les candidats ont organisé pas moins de sept différentes conférences de presse pour le moins agitées. 

Ce jeudi, trois points de presse post-électorales étaient annoncés à Douala et Yaoundé. L’une d’entre elles était organisée par l’ancien bâtonnier et prisonnier politique Maître Yondo Black et l’ancien député Albert Dzongang, ralliés au candidat Maurice Kamto qui s’est autoproclamé vainqueur lundi. 

Les forces de l’ordre ayant bouclé les accès à la résidence de l’ex-bâtonnier dans le quartier Akwa tôt ce matin, c’est au domicile d’Albert Dzongang, dans le quartier Cité Cicam, que les organisateurs ont tenu la conférence de presse dans la clandestinité jusqu’à l’irruption surprise des forces de l’ordre dans la salle, alors que Maitre Yondo prenait la parole.

Eclats de voix dans la salle alors que le commissaire de police appelle du renfort. Cette conférence interrompue fait partie des sept conférences post-électorales tenues par quatre des huit candidats finalement en compétition, en l’espace de quatre jours seulement. 

Ces différentes prises de parole portent sur les irrégularités dont les plus graves sont l’interpellation le jour du vote et la détention jusqu’à ce jour de nombreux militants et responsables de l’opposition.

Une situation qui inquiète

Mais de la même manière que la crise anglophone a été reléguée au second plan durant la campagne, ce sujet est encore évité par les candidats. Les discussions post-électorales, dans l’attente des résultats, servent avant tout aux candidats à se positionner et à détourner l’opinion publique de la guerre qui secoue les deux régions anglophones.

Mohammed, jeune Camerounais, est alarmé par les ravages de cette guerre et l’oubli progressif de la crise anglophone dans les débats post-électoraux. I se refert "au désordre de Bamenda, de Buea" et selon lui "on est en train de tuer nos frères camerounais de gauche à droite, ça nous fait vraiment beaucoup mal. Donc, on demande que la paix revienne dans notre pays vraiment."

La proclamation attendue des résultats devrait de toutes manières être considérée avec beaucoup de distance dans les deux régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest où la majorité de la population n’est pas allée voter – soit qu’elle ne se reconnait plus dans l’Etat camerounais, soit qu’elle en a été empêchée par les séparatistes armés.