La CPI, inoffensive pour les criminels de guerre?
19 décembre 2014Parmi les thèmes également commentés cette semaine dans les journaux allemands sur l'actualité africaine : l'échec de l'armée nigériane à contrer Boko Haram et la situation d'instabilité qui perdure en République centrafricaine…
Malgré un gouvernement de transition, un accord de cessez-le feu et près de 8000 casques bleus, violences et ressentiments subsistent entre chrétiens anti-Balaka et musulmans de la Seleka en République centrafricaine. C'est le constat de la Süddeutsche Zeitung.
Personne ne saurait dire combien de gens sont morts dans ce conflit. Entre 5 et 10.000 selon les experts. Près d'un million de déplacés dans ce pays de 5 millions d'habitants. Ni les troupes internationales, ni la présidente de transition Catherine Samba-Panza n'ont vraiment réussi jusqu'ici à mettre fin aux violences. L'Etat ne contrôle rien, la paix reste très fragile et les conflits animés par des motifs religieux, ethniques ou économiques couvent sous les cendres. Mais le journal espère que les auteurs de crimes ne resteront pas impunis et rappelle l'annonce de la Cour Pénale Internationale à La Haye aux Pays Bas qui veut ouvrir officiellement une enquête, aussi bien contre les Séléka que contre les anti-Balaka, pour crimes de guerre et crimes contre l'Humanité...
"Une victoire pour les criminels de guerre?"
Le quotidien de Hambourg die Zeit doute lui de l'efficacité de la CPI. En 2002, quand la Cour Pénale Internationale a entamé son travail pour poursuivre et juger les coupables de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, les dossiers ne manquaient pas : Soudan, Congo, Syrie, Irak, pour ne citer que quelques uns des pays où des hommes sanguinaires perpétraient leurs horreurs – et les perpètrent encore .
En 2009, la CPI lancait même un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar al-Bechir, le considérant personnellement responsable de viols, tortures, meurtres et déportations de civils au Darfour.
Une sensation, relève die Zeit car jusqu'ici aucun chef d'Etat en activité n'avait été mis en accusation. Si Bechir avait été transféré à La Haye et condamné, cela aurait été un grand évènement dans l'Histoire de la juridiction pénale internationale ! Mais hélas, cela ne s'est pas produit, regrette l'éditorialiste. La semaine dernière, la CPI a classé le dossier Bechir, parce qu'elle n'a plus l'espoir de pouvoir mener à bien la procédure. Auparavant elle avait aussi levé les accusations contre un autre président co -responsable de meurtres, viols et de déportations : Uhuru Kenyatta, le président du Kenia. »Une victoire pour des criminels de guerre « conclut die Zeit.
Au Nigeria, l'armée est démoralisée
Enfin, après le nouveau sinistre coup d'éclat des islamistes de Boko Haram au Nigeria qui ont enlevé moins 185 personnes et tué et 32 autres dans un village du nord-est, la Frankfurter Allgemeine Zeitung , la FAZ relève que l'armée nigériane semble complètement démoralisée face à son impuissance évidente à venir à bout de Boko Haram. Les terroristes disposent d'engins blindés et de lance-roquettes que des officiers corrompus leur ont vendus. Mal équipés, les soldats eux partent au combat avec seulement quelques cartouches de munitions pour leur fusil! Selon le journal, l‘ armement diversifié et moderne que se sont procuré les terroristes explique sans doute le refus des Etats-Unis de vendre des armememts modernes à l'armée nigériane.