La colère gronde au Bangladesh
28 avril 2013Les sauveteurs continuent de fouiller les décombres mais les chances de retrouver des survivants s'amenuisent d'heure en heure. Le Rana Plaza, qui s'est effondré mercredi, était situé dans la banlieue de la capitale du Bangladesh, Dacca. Il abritait cinq ateliers de confection qui travaillaient pour des marques occidentales.
Le bâtiment de huit étages avait été construit sur un sol instable, sans permis valide. Selon l'association des entreprises de textile du Bangladesh, plus de 3.000 personnes, dont une majorité de femmes y étaient employées. Le bilan provisoire de la catastrophe avoisine les 370 morts. Dimanche, des centaines de personnes étaient toujours portées disparues.
Arrestations et manifestations
Depuis la catastrophe, cinq personnes ont été arrêtées. La police a lancé une procédure pour homicides, dus à la négligence, contre deux propriétaires d'ateliers et deux employés municipaux. Mercredi, les salariés ont en effet été forcés de retourner au travail, malgré des avertissements concernant la fragilité du bâtiment. Le propriétaire de l'immeuble a lui aussi été retrouvé et interpellé alors qu'il tentait de trouver refuge en Inde.
Il n'est pas certain que ces arrestations suffisent à calmer la colère des Bangladais. Des ouvriers sont descendus à plusieurs reprises dans les rues cette semaine pour protester contre leurs conditions de travail. Des heurts ont parfois eu lieu avec la police qui a répondu avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Ce dimanche, les rues de Dacca étaient calmes mais l'opposition politique a appelé à une grève nationale le 2 mai. Un appel auquel s'est jointe une alliance de partis de gauche appartenant à la coalition au pouvoir.
Deuxième exportateur mondial
Il faut dire que l'effondrement du Rana Plaza est déjà le troisième accident industriel en cinq mois au Bangladesh. En novembre, un incendie dans l'usine Tazreen Fashion avait fait plus d'une centaine de morts. Deuxième exportateur mondial de textile, derrière la Chine, le Bangladesh emploie 3,6 millions de personnes dans le secteur, dont une majorité de femmes. Les salaires sont bas, les conditions de travail déplorables et ce, alors que les clients de ces ateliers ne sont autres que de grandes marques occidentales. Pour l'heure, seules les enseignes espagnole Mango et britannique Primark, ont confirmé leurs relations avec le Rana Plaza. L'Organisation internationale du travail a elle lancé un appel aux autorités et aux partenaires sociaux au Bangladesh pour qu'ils contribuent à créer des "lieux de travail sûrs".