"Kirchhof, quel Kirchhof?"
13 septembre 2005« Kirchhof, Symphonie de l’horreur » titre la Tageszeitung. En photo, la célèbre affiche de Nosferatu, le vampire qui a marqué les années 1920 du cinéma allemand. Dans le rôle principal, Paul Kirchhof, affublé de canines aiguisées et de griffes acérées dans son grand manteau noir, Angela Merkel, Edmund Stoiber et Guido Westerwelle, qui ont abandonné leur poulain après l’avoir porté aux nues, et enfin Gerhard Schröder, premier à avoir agité l’épouvantail du « professeur de Heidelberg ».
Moins féroce, mais tout aussi critique, la Süddeutsche Zeitung s’interroge : « Kirchhof, quel Kirchhof ? ». Le quotidien de centre gauche revient sur le revers du FDP face à Paul Kirchhof ce week-end. Le FDP a pris à son tour ses distances par rapport à l’expert, alors que Guido Westerwelle, chef de file du parti, l’avait qualifié d’«allié dans l’esprit » lorsque Angela Merkel l’avait présenté dans son équipe de conseillers, rappelle le quotidien. La SZ observe avec ironie le jeu politique, qui a fait de Kirchhof en un rien de temps une personne peu fréquentable, et que l’on ose à peine évoquer chez les conservateurs. Les derniers jours de la campagne sont les plus difficiles pour l’Union, souligne la SZ. En choisissant un expert en finances issu du milieu intellectuel, Angela Merkel a voulu montrer sa volonté d’allier politique pragmatique et visions d’avenir. Tout à coup, ces deux concepts semblent incompatibles, et Angela Merkel doit trouver de meilleures réponses, sans quoi elle se contredit elle-même.
Enfin, la Frankfurter Allgemeine Zeitung considère que l’enchanteur Schröder et son assistant Fischer, tout aussi talentueux dans l’art de la polémique, essaient de faire passer le « professeur de Heidelberg » pour un savant fou, un démon social qui n’aurait d’autre intention que de faire des expériences sur les Allemands, ses cobayes. Or, rappelle le quotidien de centre droit, le concept de Kirchhof n’est pas du tout à l’ordre du jour. Qui sait d’ailleurs, souligne la FAZ, ce qu’il restera de ce concept lorsque la CDU et la CSU auront fini de le décortiquer. Mais les candidats rouges-verts mènent une campagne fondée sur la peur des Allemands face à l’avenir et font comme si l’Union avait présenté un programme destiné à les rendre plus pauvres. Et ils sont nombreux, ceux qui veulent bien y croire, déplore le quotidien.