Karlsruhe garde le calme sous la tempête
11 juillet 2012Wolfgang Schäuble a mis en garde contre les suites d'une éventuelle invalidation. Cet avertissement pourrait être interprété comme du chantage envers la Cour de Karlsruhe mais ce serait déplacé, estime Die Welt. Schäuble ne pouvait pas dire aux juges : prenez tout votre temps ! Le sujet dont il est question, à savoir le sauvetage de l'euro, est bien trop urgent. Et les juges comme le ministre des Finances le savent. Le journal reste optimiste quant au verdict de la Cour constitutionnelle : il est théoriquement possible que Karlsruhe saborde l'Union européenne à un moment aussi critique, mais au vu de la pratique des 60 dernières années, cela est peu probable. Les juges souligneront sûrement à nouveau le droit de participation du Parlement aux décisions européennes.
Pour la Süddeutsche Zeitung, il est bon que les juges prennent leur temps, contrairement aux députés du Bundestag qui ont expédié la question. Au Parlement, c'est malheureusement désormais la rapidité d'une décision qui prime sur son bien-fondé, regrette le journal. Karlsruhe doit chercher les moyens de poursuivre la construction européenne sans détruire les fondements de l'État de droit. Le succès de cette recherche est existentiel pour l'Allemagne et l'Union européenne. Et il est bien plus important que les applaudissements passagers des marchés financiers pour une décision prise à la va-vite.
Garder le calme sous la tempête, c'est également ce que préconise la Frankfurter Allgemeine Zeitung face à la nervosité chronique des marchés financiers. Le journal estime lui aussi peu probable que la Cour mette des bâtons dans les roues des projets européens. Mais les juges ont encore un atout dans leur manche : ils étudient aussi la question de savoir si le président fédéral pourrait être habilité à poser des conditions au moment de la ratification du texte.
Die tageszeitung s'intéresse pour sa part à un projet de livraison de chars allemands à l'Indonésie, un contrat conclu lors de la visite de la chancelière Angela Merkel dans le pays. Une fois de plus, c'est dans les médias étrangers que les Allemands apprennent l'intention du gouvernement d'exporter du matériel militaire à un pays sensible, déplore le journal. Une fois encore, les détails du contrat sont secrets. L'Indonésie n'est peut-être plus une dictature, mais l'armée et la police y commettent encore de graves violations des droits de l'Homme. Le Bundestag, conclut la taz, doit stopper cette livraison !