Du théâtre à Bamako contre l'émigration irrégulière
19 juillet 2017Sur le plancher du palais de la culture de Bamako se succèdent des troupes venues de toutes les régions du Mali. Les journées théâtrales ainsi lancées sont une initiative de l’un des comédiens maliens les plus célèbres du moment, Habib Dembélé dit "Guimba".
L’ambiance est détendue même si le sujet traité est grave : l’immigration clandestine avec son cortège de malheurs. Pour Habib Dembélé, la thématique est inévitable : "Parce que c’est devenu un fléau, parce que ça devient de plus en plus grave, parce que ça devient de plus en plus dangereux. Parce qu’il faut chercher les causes, parce qu’il faut attaquer le mal à la racine. Parce qu’un mort est un mort de trop."
Pendant une semaine, des troupes venues de tout le pays rivalisent d’ingéniosité pour faire passer une idée centrale : convaincre les candidats à l’exil qu’il existe d’autres choix que de risquer sa vie dans le désert ou sur la mer.
Que l’on en rit, que cela fasse méditer ou pleurer…
L’objectif pour les organisateurs est de sensibiliser à travers le théâtre, sans doute l’un des meilleurs moyens pour atteindre le public malien, si l’on en croit Cheick Oumar Sissoko, cinéaste et ancien ministre de la Culture du Mali : "Nos sociétés ont survécu et ont évolué grâce à des remparts qui ont été mis pour éduquer les gens. Et le théâtre a fait partie de cela avec le Kotéba."
Cette forme de théâtre traditionnel qui permet aujourd’hui encore de transmettre des informations dans les villages, notamment des messages de santé publique, inspire également Habib Dembélé. Le comédien rappelle que "le Mali doit sa démocratie au théâtre (…) Nous devons faire en sorte que le théâtre ne meurt pas."
Un programme dense
Au menu des journées théâtrales : des prestations artistiques mais aussi des séances de formation. Le plus important pour Djibril Ballo, metteur en scène de la troupe de Sikasso, étant le brassage entre des acteurs venus de différentes régions du Mali : "On apprend. Moi j’ai une idée, une manière d’aborder les problèmes. Quand je vois une autre troupe jouer, ça me permet de voir qu’il y a une autre manière d’aborder le sujet."
Les festivaliers lèveront le camp au soir du 23 juillet. Les trois meilleures prestations recevront des prix d’une enveloppe globale d’environ deux millions de francs CFA. Mais que l’on monte sur le podium ou pas, le plus important, c’est bien la participation.
Cliquez sur l'image pour écouter le reportage de notre correspondant à Bamako, Yaya Konaté.