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PolitiqueMoyen-Orient

Iran : volte-face d'Elnaz Rekabi, qui présente ses excuses

19 octobre 2022

La sportive iranienne avait participé à une compétition sans porter le voile. Beaucoup y avaient vu un geste de soutien au mouvement de contestation en Iran.

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Elnaz Rekabi portant un voile rouge
Les images de la sportive sans foulard avaient pourtant été célébrées sur les réseaux sociaux pour saluer son courageImage : Mickael Chavet via ZUMA Wire/picture alliance

Le geste avait été perçu comme un acte de solidarité avec les manifestations déclenchées il y a un mois par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini. Mais Elnaz Rekabi, qui vient de rentrer en Iran, a expliqué qu'il n'en était rien. Elle aurait retiré son voile sans que cela ait une signification politique. Une prise de position qui laisse tout de même certains sceptiques.

Une explication et des excuses 

La participation aux championnats d'Asie d'escalade d'Elnaz Rekabi, portant seulement un bandana sur la tête, aurait peut-être pu passer inaperçu si son pays, l'Iran, n'était pas confronté à un mouvement de contestation en faveur du droit des femmes

Depuis la mort de Mahsa Amini, il y a un mois, des Iraniennes osent enlever leur voile en public et voir Elnaz Rekabi retirer le sien pour participer à une compétition sportive avait été interprétée comme un geste de solidarité.

La République islamique impose en effet aux sportives iraniennes de porter le voile, obligatoire pour toutes les femmes, même dans les compétitions à l'étranger. Mais de manière inattendue, Elnaz Rekabi a présenté des excuses et expliqué devant la presse et sur les réseaux sociaux que son foulard avait glissé. Des excuses réitérées à son retour en Iran.

Elnaz Rekabi en pleine compétition sans le hijab.
Lors de la compétition en Corée du sud, Elnaz Rekabi portait seulement un bandeau sur la têteImage : Khabarfoori.com

"La précipitation pour porter mes chaussures et préparer mon équipement m'a fait oublier le hijab que j'aurais dû porter, et je suis allée escalader le mur (...). Je suis rentrée en paix en Iran, en parfaite santé et selon le programme prévu. Je présente mes excuses au peuple iranien pour les tensions créées" a expliqué la jeune sportive.

Des explications et des excuses qui laissent toutefois certains sceptiques. Des militants des droits humains ont estimé que ces déclarations auraient pu être obtenues sous la pression. La République islamique a déjà été à plusieurs reprises accusée de provoquer des aveux ou déclarations forcées.

Des pressions ?

Avant son retour en Iran, des rumeurs avaient circulé au sujet du sort d'Elnaz Rekabi. Amnesty International a souligné qu'elle était rentrée "au risque d'une arrestation arbitraire, de torture et d'autres mauvais traitements".

 Elnaz Rekabi à l'aéroport de Teheran
Certains estiment que la pression des autorités iraniennes a eu raison de Elnaz RekabiImage : IRNA/AP Photo/picture alliance

Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des droits de l'Homme de l'Onu, a assuré suivre de près ce dossier.

"Ce que nous devons souligner, c'est que les femmes ne devraient jamais être poursuivies pour ce qu'elles portent, ne devraient jamais être soumis à des violences telles que la détention arbitraire ou toute forme de violence en ce qui concerne ce qu'elles portent. Nous suivrons cette affaire de très près " a précisé Ravina Shamdasani lors d'un point de presse.  

Si ce qu'on peut appeler l'affaire Elnaz Rekabi fait du bruit, c'est aussi parce que le sport est devenu un sujet extrêmement sensible en Iran depuis les récentes manifestations. Plusieurs sportives iraniennes de renom n'ont ainsi pas manqué de s‘exprimer en faveur des droits des femmes.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique