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Guinée : le journaliste Sékou Jamal Pendessa est en prison

Abdoulaye Sadio Diallo
23 janvier 2024

Le journaliste Sékou Jamal Pendessa a été mis sous mandat de dépôt à Conakry. Il avait appelé la semaine passée à manifester contre la censure de certains médias et d'internet.

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Des forces de l'ordre guinéennes dans une artère de Conakry
Des militaires guinéens sont régulièrement accusés d'abus sur des civils Image : CELLOU BINANI/AFP

Sekou Jamal Pendessa, par ailleurs secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), a été entendu pendant environ deux heures au tribunal de Dixinn, dans la banlieue de Conakry.

Ensuite, la justice a ordonné son placement sous mandat de dépôt à la prison de Conakry pour "participation à une manifestation non autorisée".

Le Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée, s'etait insurgé ces derniers temps contre la confiscation de la liberté de presse et d’expression par le pouvoir militaire au pouvoir depuis le 5 septembre 2021. Le 18 janvier dernier, il était à la  tête du mouvement syndical qui avait appelé à manifester dans la capitale guinéenne. 

Manifestation des journalistes guinéens le 8 février 2016 à Conakry
Des journalistes guinéens fustigent régulièrement la confiscation de leurs droitsImage : Getty Images/AFP/C. Binani

Interpellé vendredi dernier,  Sékou Jamal Pendessa avait été conduit à la brigade de recherche de Kipé (l'un des 19 quartiers de la commune de Ratoma, à Conakry) où il est resté détenu tout le week-end. Déféré au parquet du tribunal de première instance de Dixinn, toujours à Conakry,  dans la matinée de lundi (22.01), le nouveau visage de la lutte pour la liberté de la presse en Guinée a été inculpé et conduit à la maison centrale de Conakry. 

Pour son avocat Maître Salifou Béavogui, "une liberté vient d’être confisquée". 

Selon lui, "Monsieur Sékou Jamal Pendessa est poursuivi pour manifestation non autorisée et pour publication de données de nature à troubler l’ordre public et la sécurité. Il a rejeté ces faits et a soutenu avec détails que le droit de manifester est un droit constitutionnel".

Injustice et indignation

Certes déçu de ce qu’il qualifie d’injustice contre le journaliste et la presse, mais l’avocat de Jamal Pendessa n’a pas dit son dernier mot. 

"Si on respecte les dispositions légales du code de procédure pénale, dans moins de 24 heures il doit s’expliquer à la barre. Je suis désemparé, je vais mettre la pression pour que le procès soit organisé et qu’il soit libéré", assure Maître Salifou Béavogui.

Dans cette affaire, Maître Salifou Béavogui n’est pas le seul indigné. L’association "Presse solidaire", qui regroupe de jeunes journalistes engagés, monte elle aussi au créneau.  

Les explications de Abdoulaye Sadio Diallo

"Nous demandons aux autorités de la transition de libérer immédiatement le journaliste. Sa place n’est pas en prison, la place du journaliste c’est à la rédaction et sur le terrain. Il doit continuer son boulot. Ce n’est pas à lui d’aller en prison. Donc, nous exigeons la libération de notre confrère" affirme pour sa part Abdoul Malick Diallo le coordinateur de l’association "Presse solidaire".

Pour rappel, Sékou Jamal Pendessa avait été arrêté au tribunal de première instance de Dixinn vendredi dernier, alors qu’il était venu soutenir les 9 journalistes, également interpellés par la gendarmerie, la veille, à la maison de la presse de Conakry. 

C’était en marge de la manifestation pour la levée de la restriction d’internet et le brouillage des ondes de certaines radios privées, imposées par les autorités militaires au pouvoir en Guinée.