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Etat de droitGuinée

Procès du 28 septembre en Guinée ; absence des témoins-clés

7 novembre 2022

La comparution des leaders politiques absents du pays car poursuivis par la Crief, pour certains, est en suspens après les révélations de Toumba Diakité.

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L'opposant guinéen Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré se serrent la main après la désignation de Sidya Touré comme candidat de son parti pour l'élection présidentielle du 11 octobre 2015.
Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Mouctar Diallo, témoins clés du procès sont absents de la Guinée.Image : Cellou Binani/AFP

Reprise ce lundi (07.11.22) du procès du massacre du 28 septembre 2009.  Après le témoignage du commandant Aboubacar Diakité, dit Toumba, c’est au tour du capitaine Cécé Raphaël Haba, ancien garde du corps de Toumba de livrer sa part de vérités au tribunal criminel.
Mais, alors que le procès se poursuit, plusieurs questions restent en suspens pour donner suite aux nombreuses révélations faites par l’ancien aide de camp de Dadis Camara : Toumba Diakité a maintes fois affirmé avoir sauvé la vie à certains leaders d’opposition qui étaient présents ce jour-là au stade du 28 septembre.

Des soldats fidèles à la junte militaire au pouvoir montent la garde pendant un discours du commandant en second, Sekouba Konate au Camp Alpha Yaya Diallo le 11 décembre 2009
Une multitude de témoignages rapportent que les Bérets rouges seraient les instigateurs du massacreImage : AP

Parmi les leaders politiques dont les témoignages sont indispensables mais qui pourraient ne jamais comparaître devant le tribunal, il y a Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Mouctar Diallo. Tous les trois sont absents du pays. Seul l’opposant Bah Oury est présent à Conakry. Pourtant, la présence des leaders politiques cités par Toumba Diakité est fortement réclamée par les parties au procès.

Sécurité des leaders

Malgré les assurances données par le ministère public affirmant que tous ces leaders comparaitront, cela semble compliqué car le contentieux qui les oppose aux militaires au pouvoir n’est pas de nature à faciliter leur retour au pays.
Sidya Touré par exemple est disposé à témoigner. "Je veux bien témoigner, à condition que cela se passe à l'extérieur de la Guinée. Dans les circonstances actuelles, je ne vois pas comment je pourrais y aller. Pas parce que l'envie m’en manque, mais il n'y a pas assez de sécurité pour ça", dit-il.

La maison  de l'opposant qu'il "habitait depuis 25 ans, l'armée est venue me déloger de cette maison, donc, je n'ai même pas de logement. Je vais aller témoigner pour aller à l'hôtel et de toute façon, je ne me sens pas en sécurité", conclut Sidya Touré.

Photos d'archive de corps de personnes tuées le 28 septembre 2009 à la mosquée principale de la capitale à Conakry, derrière un policier avec un bouclier
Au moins 109 femmes ont été violées le 28 septembre 2009Image : AP

Témoignage par viséoconférence 

Souleymane Sow, directeur exécutif d’Amnesty international en Guinée, explique que des garanties peuvent être données par l’État guinéen. 
"La Cour peut bien demander qu’un des leaders viennent témoigner et en ce temps à l'Etat de trouver les garanties nécessaires pour que les personnes puissent venir ou bien d'activer le ticket international des témoins qui peuvent être, excusez-moi du terme, mais qui peuvent être extradés même s'ils ne sont pas arrêtés. Et sinon, de toutes les façons, aujourd'hui, ils peuvent témoigner à distance, en visioconférence. Rien ne l'exclut aujourd'hui", ajoute Souleymane Sow.
 
Bah Oury, le président du comité d’organisation de la manifestation du 28 septembre 2009, a confié à la DW qu’il doit impérativement témoigner. Parce que "c'est moi qui ai appelé, c'est moi qui ai signé la demande de manifestation. Donc je ne peux pas me soustraire à ce devoir. L’essentiel est de restituer les faits pour que la vérité soit ce qui prédomine."

Afin de donner une plus grande crédibilité à ce procès historique, les militaires au pouvoir devraient selon de nombreux Guinéens, favoriser la comparution de tous les leaders présents ce 28 septembre 2009 au stade de Conakry.

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique