Guinée : l'opposition à nouveau dans la rue
6 janvier 2020Après une trêve due aux fêtes de fin d’année, l’opposition a appelé ce lundi 6 janvier à de nouvelles manifestations. Mais au final la mobilisation semble avoir été assez faible. Il reste néanmoins difficile à dire pour le moment si cela illustre un essoufflement du mouvement ou la crainte des violences qui accompagnent régulièrement les manifestations en Guinée. De sources concordantes, des échauffourées en province ont fait au moins 12 blessés.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDCS) veut en tout cas maintenir la pression sur le président Alpha Condé, tout comme sur la communauté internationale que le FNDC accuse de soutenir le président guinéen.
"Il n'y aura pas de référendum dans ce pays pour une nouvelle Constitution. Nous avons également dit qu'il n’y aura pas une élection bâclée dans ce pays qui pourrait conduire à la violence. C'est pour cette raison qu'aucun parti majeur de l'opposition n'a déposé de dossier pour ces élections programmées et nous ne reculerons pas. Le peuple de Guinée est à un tournant. Et nous savons que le peuple gagnera ce combat", a déclaré à la DW Lansana Faya Millimono, président du bloc libéral (BL) et membre du FNDC.
Le pouvoir minimise les menaces
En face, le pouvoir semble ne pas prendre au sérieux les menaces de l’opposition. Le sociologue Alpha Amadou Bano Barry est conseiller chargé de l’Enseignement supérieur auprès du président Alpha Condé : "Comment une opposition peut-elle empêcher la tenue d'élections législatives ? D'autant plus que le délai règlementaire de l'Assemblée nationale a expiré. Est-ce qu'ils vont appeler au boycott ?"
Selon Alpha Amadou Bano Barry, "il est toujours possible que le taux d'abstention ou que le taux de participation soit faible par rapport aux années passées. Mais cela n'empêche pas de faire valider puisque dans les dispositions de la loi guinéenne, il n'y a pas un seuil en deçà duquel les élections sont invalidées."
Le FNDC prévoit une autre marche le 13 janvier prochain. Abdourahmane Sanoh, le coordinateur du FNDC, dénonce une "fuite en avant aux conséquences dommageables pour la Guinée" et appelle à une "résistance contre l’oppression, conformément à l’actuelle constitution adoptée en mai 2010".
Important dispositif sécuritaire
Selon plusieurs témoins, un important dispositif sécuritaire a été observé autour du Palais Sékhoutouréya, le Palais présidentiel de Conakry. Aucun engin n’était autorisé à passer devant le bâtiment qui abrite le siège de la Présidence, ont écrit nos confrères du site africaguinée.com.
Attaque du siège de l’UFDG
Par ailleurs, le siège de l’UFDG, Union des forces démocratique de Guinée, le parti du chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo à Kankan a été attaqué par des individus dont l’identité n’a pas été révélée.
"Ils sont venus attaquer notre siège ce matin au quartier Missira. Ils sont cassé les portes, les armoires et emporté de l’argent alors que nous n’avions aucune activité au siège. Les assaillants sont venus se jeter sur les enfants et les femmes ", a confié le coordinateur de l’UFDG de la Haute-Guinée à africaguinée.com.
Plusieurs boutiques appartenant à des militants de l’UFDG auraient également été ciblées par les assaillants.