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Guillaume Soro veut prendre la tête de la contestation

Georges Ibrahim Tounkara
5 novembre 2020

Des dirigeants de l’opposition sont en résidence surveillée suite à la création d'un Conseil national de transition, une initiative qui a irrité le pouvoir.

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Guillaume Soro, ancien premier ministre de Côte d'Ivoire
Guillaume Soro, ancien premier ministre de Côte d'IvoireImage : Nicolas Lambert/Belga/Imago

Dans une allocution d'une vingtaine de minutes retransmise sur sa page Facebook, Guillaume Soro a dit qu'il soutenait la mise en place du Conseil national de transition et il a aussi appelé les forces armées à se mettre à sa disposition.

Un appel lancé dans la foulée de la mise en résidence surveillée de plusieurs cadres de l'opposition.

Soro pas assez influent ?

Journaliste spécialiste de l'Afrique et fondateur de "La Lettre du Continent", Antoine Glaser ne pense pas que Guillaume Soro ait encore suffisamment d'influence. Pour lui, cela fait trop longtemps qu'il s'est éloigné de ses anciens compagnons qui ont intégré l'armée.

"Avec cet appelil est dans son rôle d'ancien rebelle qui a porté Ouattara au pouvoir. Son ancien bastion c'est le Burkina et si Blaise Compaoré était au pouvoir on aurait pu s'attendre à quelque chose avec une base. En plus Ouattara, ça fait quelque temps qu'il est au pouvoir et il a eu du temps pour "travailler" certains lieutenants de Soro."

Un avis que partage Sylvain NGuessan, analyste politique ivoirien.

"Grâce à lui plusieurs rebelles ont pu intégrer l'armée régulière mais cela fait bien longtemps, depuis 2007. Ce sont des gens qui pensent maintenant plus à leur carrière. Son influence n'est pas si forte sur les éléments qu'il a pu aider à intégrer l'armée régulière."

Guillaume Soro lors d'une conférence de presse à Paris, en septembre dernier
Guillaume Soro lors d'une conférence de presse à Paris en septembre dernier, en marge des élections en Côte d'IvoireImage : Charles Platiau/Reuters

Les propos de Soro condamnés par le pouvoir

Pour les autorités ivoiriennes, les propos de Guillaume Soro sont d'une extrême gravité et s'inscrivent dans une logique de coup d'Etat. Le porte-parole adjoint du gouvernement, Mamadou Touré, rappelle d'ailleurs qu'une procédure à son encontre a été lancée en Côte d'Ivoire.

Mamadou Touré dit également espérer que les propos tenus par Guillaume Soro sur le sol français amèneront les autorités françaises à réagir. 

Certains cadres du pouvoir affirment par ailleurs que c'est bien Guillaume Soro qui est à la manœuvre depuis des semaines, et que c'est lui qui aurait convaincu l'opposition de boycotter le scrutin du 31 octobre.

Entre Guillaume Soro et le président Alassane Ouattara, la rupture semble donc définitive. "Il a poussé le bouchon trop loin", affirme un député proche du pouvoir.

"Ils nous remercient en monnaie de singe", rétorquent par ailleurs des proches de Guillaume Soro qui rappellent avoir joué un grand rôle dans l'avènement au pouvoir en 2011 de l'actuel président ivoirien.

 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle