Gueule de bois en perspective
3 septembre 2009La prime à la casse relève du grand art de l'illusion, estime la Süddeutsche Zeitung. Cette prime de 2.500 euros, versée pour l'achat de voitures neuves, a sauvé l'économie allemande de l'effondrement face à la pire crise des dernières décennies. Elle a fait d'Angela Merkel - néolibérale convaincue - une adepte du keyniésianisme, une théorie pourtant bannie pendant des années en Allemagne puisqu'elle implique l'intervention de l'Etat pour relancer l'économie. Pour le journal, la prime aura surtout servi au gouvernement à gagner du temps. Grâce à elle, la coalition a réussi à transformer les Allemands frileux en joyeux consommateurs. Mais maintenant que les caisses sont vides, attention à la chute, prévient la SZ...
Deux millions de véhicules ont été remplacés par des neufs en huit mois de prime à la casse, écrit Die Welt. Tout le monde pourrait être satisfait, mais pour les producteurs, vendeurs et contribuables, le réveil va être amer. Car il est évident que la fin de cette mesure va entraîner un effondrement de la demande, au plus tard en 2010. Il ne restera plus aux constructeurs et vendeurs de voitures qu'à brader leurs véhicules pour espérer s'en débarrasser. Quant au contribuable, il se demandera peut-être bientôt s'il était vraiment judicieux de consacrer des milliards d'euros dans un projet qui a, certes, réduit les effets de la crise pour un temps, mais n'a pas réglé les problèmes de l'industrie automobile.
La dure réalité ne va que trop tôt faire son retour dans la branche automobile, prédit également la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une réalité dans laquelle les clients se seront habitués à l'idée qu'on peut obtenir une voiture neuve pour 5.000 euros. Jusqu'ici, le gouvernement a résisté à la tentation de prolonger cette mesure aberrante comme cela a été fait en France. Il ferait bien de continuer à résister après les élections, quand les failles seront devenues évidentes.
Et à propos d'élections... Le spectre du NPD, le parti néonazi, refait surface en Allemagne à l'occasion de ces législatives. Représenté par un étron peu appétissant en Une de la tageszeitung, le NPD est loin d'être moribond, contrairement à ce que prédisaient les observateurs en début d'année. Le parti, alors embourbé dans des scandales financiers et dans des querelles internes avec d'autres groupes d'extrême-droite, a réussi à se sortir de l'ornière. En Saxe, nous apprend la taz, il va même bénéficier de financements publics pour sa fondation.