Guerre et paix...
6 avril 2010L'Église catholique a toujours eu des ennemis, constate die Welt, mais la crainte de perdre son pouvoir doit être très forte, si l'un des plus fervents partisans du Pape, monseigneur Sodano, rejette en pleine messe de Pâques toute critique envers le Vatican comme « bavardages » et que le Saint Père lui-même n'a que les Modernes comme seul objet de sa critique. Auraient-ils oublié l'objet du scandale ? Et qu'en est-il du tragique parallèle osé par le dignitaire catholique Cantalamessa comparant les critiques envers le Vatican à une campagne antisémite ? Apparemment, Rome est loin de l'humilité. C'est pourtant le premier pas indispensable au processus de purification.
Pâques est au Vatican ce que les congrès sont aux partis politiques et les Jeux Olympiques au sport, analyse la Frankfurter Rundschau. C'est un moment clé. Mais le Saint Siège a manqué cette occasion. Des reproches de propagande à la déclaration publique de solidarité au Pape jusqu'à la comparaison avec l'antisémitisme, Rome a présenté toute la panoplie du désastre en matière de relations publiques, préférant s'occuper d'elle-même que des victimes. Elle confirme ainsi les pires critiques à son endroit et déçoit de nombreux croyants.
L'autre quotidien de Francfort, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, revient également sur ce dossier brûlant mais illustre sa Une avec les obsèques militaires des trois soldats de la Bundeswehr, tués le Vendredi Saint par des talibans en Afghanistan. Le journal présente le dilemme afghan. La majorité de la population ne veut pas que les talibans reprennent le pouvoir, mais refuse aussi la destruction de sa société clanique traditionnelle millénaire. Cet aspect est trop souvent ignoré par la stratégie militaire et les subtilités du droit international des peuples.
Ce qui fait dire à la Süddeutsche Zeitung : il n'y a pas si longtemps, le Ministre de la Défense de l'époque parlait de « mission de stabilisation » pour justifier la présence des soldats allemands en Afghanistan. Le bombardement de deux camions-citernes qui a fait tant de morts civils a alors conduit le nouveau Ministre de la Défense à parler de « circonstances similaires à la guerre ». Trois soldats allemands morts de plus et il accepte enfin de parler de « guerre en langage familier ».
L'occasion pour la Tageszeitung de mettre les points sur les « i ». Le tabou sur le mot « guerre » est enfin tombé. Il convient maintenant de savoir quel est le but de cette guerre. Pourquoi les soldats allemands meurent-ils dans l'Hindu Kush ? S'agit-il de l'Afghanistan, des talibans ou de la région ? Les soldats allemands ne sont pas les seuls à avoir droit à ces réponses.