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Grogne des populations de Youga au Burkina

9 août 2019

Les installations de la mine d'or de Youga, dans l’est du pays, ont été attaquées par une foule mécontente. Des dizaines de personnes sont parvenues à faire irruption dans la mine et ont brûlé et saccagé du matériel.

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Burkina Faso Goldmine
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

"Il n’y a rien qui est fait pour les populations, l’environnement aussi est dégradé" (Jonas Hien)

L’incident à Youga, dans la province du Boulgou, fait suite à la mort d'un agriculteur, tué par un agent de sécurité de la mine.

Elles étaient plusieurs centaines de personnes à manifester leur colère après la mort d'un membre de la communauté : un paysan tué par balle par un agent de sécurité du site minier concédé à une société turque.

Ghana - Goldabbau
Image : Getty Images/AFP/C. Aldehuela

Mais pour Jonas Hien, un des responsables de la société civile, cet incident est venu s'ajouter à des semaines de tensions. 

"Pour nous qui sommes régulièrement sur le terrain, ce n’est pas surprenant. Le vrai problème, c’est que Youga n’est pas un grand village. C’est un village d’agriculteurs. Tout l’espace réservé pour l’agriculture familiale et les pratiques artisanales de l’or a été concédé à la mine. Du coup, les populations n’ont plus rien pour mener d’autres activités de survie."

La redistribution des revenus miniers en cause

Le Burkina Faso a connu un essor minier ces dernières années. Des mines industrielles ont été créées, dont 14 mines d'or et une mine de zinc.

Seulement, les populations autochtones se plaignent de ne pas profiter des revenus de cette industrie et du manque de considération de la part des propriétaires miniers.

Kinderarbeit in Goldminen in Burkina Faso
Image : DW

Pour Jonas Hien, les habitants de Youga se plaignent aussi de l'impact de l'exploitation minière sur l'environnement.

"Vous ne pouvez pas imaginer que l’or provient de ces terres là (de Youga). Il n’y a rien qui est fait pour les populations, l’environnement est dégradé, les sols sont pratiquement empoisonnés. Donc c’est une désolation et un mécontentement généralisé dans la localité."

Cette situation crée une frustration au sein d’une population qui souffre de la dégradation de l'environnement provoquée par la mine. Une tension qui accroit les risques de violences, estime le juriste Alexis Nagalo.

"Il y a un malaise. Ce type de situation peut être une passerelle à l’activité terroriste si on ne met pas rapidement en place l’ensemble des mécanismes sociaux nécessaires à la reconstruction de la confiance entre les différents partenaires, afin de collaborer, d’offrir la transparence dans la gestion des ressources."

L’incident de jeudi a relancé le débat autour de la gestion et de la répartition des revenus miniers, dans un pays où la situation sécuritaire se dégrade face à la menace terroriste.