Gouvernements technocrates en Europe
14 novembre 2011Ces personnages, s'ils inspirent la confiance, n'ont pas de véritable légitimité démocratique. Leur marge de maonoeuvre est réduite. Pour Lucas Papademos, il reste peu de temps: il doit mettre en place le plan de désendettement du pays élaboré fin octobre par les pays de la zone euro et présenter au Parlement le nouveau budget 2012. L'urgence est de convaincre les créanciers et l'Union européenne de la volonté de reforme de la Grèce. Il s'agit d'obtenir le déblocage d'ici le 15 décembre de la prochaine tranche de 8 milliards d'euros du plan de sauvetage. Sans cet apport d'argent frais, la Grèce sera dans l'incapacité de payer ses retraites et ses fonctionnaires. Le ministre des Finances, Evangélos Venizélos, espère une décision positive d'ici dès jeudi. Mais le plus difficile, sans doute, sera la négociation sur la mise en application du deuxième plan d'aide. Le ministère grec des Finances évoque une somme de 80 milliards d'euros à débloquer d'ici fin février. Il faut donc que ce gouvernement de coalition - avec entre autres un parti d'extrême-droite - mette en œuvre dans l'urgence des mesures d'austérité draconiennes dans un pays enfoncé dans la récession : des élections anticipées sont prévues pour le 18 février.
La fin du Cavaliere
L'Italie est a priori dans une meilleure situation que la Grèce, car elle a un très fort potentiel industriel. Elle est la quatrième puissance industrielle européenne. Mais le « Cavaliere » Silvio Berlusconi, n'a pas fait les réformes nécessaires. Et le pays est aujourd'hui étranglé par une dette gigantesque de quelque 1900 milliards d'euros, soit 120% de son produit intérieur brut. L'Italie est désormais placée sous surveillance du Fonds monétaire international, de l'Union européenne et de la Banque centrale européenne. Devant l'urgence de la situation, c'est le président de la République lui-même, Giorgio Napolitano, qui a annoncé mardi la démission de Silvio Berlusconi. Quant au Parlement italien, il a adopté en un temps record les mesures préconisées par l'UE. Les marchés ont repris confiance après la nomination de Mario Monti, professeur d'économie et ancien commissaire européen, comme chef du gouvernement. Ce dernier doit mettre sur pied d'ici 48 heures un cabinet de technocrates avec néanmoins une trentaine de secrétaires d'Etat « politiques » pour obtenir un soutien au Parlement. Car ce sera bien la fragilité de ce gouvernement qui doit combiner austérité et relance de la croissance. Le parti de Berlusconi, le PDL, reste en effet la principale formation de la Chambre basse. Et le Cavaliere a averti qu'il pourrait « retirer son soutien à tout moment ».
Auteur : Elisabeth Cadot (avec AFP)
Edition : Aurélie Jouygnet, Anne Le Touzé