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Le M23 avance vers Goma

Zanem Nety Zaidi
14 novembre 2022

Les activistes des mouvements citoyens et les acteurs de la société civile dénoncent la léthargie du gouvernement congolais alors que le M23 approche de la capitale du Nord-Kivu.

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Un manifestant brandit un drapeau congolais lors d'une manifestation contre le M23 et son soutien supposé par le Rwanda, à Goma
Un manifestant brandit un drapeau congolais lors d'une manifestation contre le M23 et son soutien supposé par le Rwanda, à GomaImage : Benjamin Kasembe/DW

La ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, est menacée par l'avancée de la rébellion du M23.

Les activistes des mouvements citoyens et les acteurs de la société civile dénoncent le manque d'action du gouvernement congolais alors que la population s'inquiète de voir le M23 prendre une nouvelle fois la ville, comme en 2012.

Kibumba menacée

Depuis trois jours, de violents combats ont lieu autour de Kibumba, une localité située à vingtaine de kilomètres au nord de Goma. Une situation dénoncée par Constantin Werabe, un acteur de la société civile qui estime que le gouvernement congolais n'a pas encore engagé tous les moyens militaires pour mettre fin à cette offensive du M23. 

Dans un camp de réfugiés congolais à Kisoro, en Ouganda, des femmes et des enfants font la queue avec des gamelles (illustration de juin 2022)
De nombreux civils congolais ont du fuir le Nord-Kivu et les violences pour trouver refuge dans des camps de déplacés ou de réfugiésImage : Badru Katumba/AFP/Getty Images

Constantin Werabe, acteur de la société civile, constate que "Kibumba est menacée", pourtant, souligne-t-il, l'armée congolaise "a des avions de guerre, des munitions et même des hommes". Pour lui, "il est temps que l'Etat congolais mette tous ses moyens en jeu pour épargner la ville de Goma". Il prévient que "si cela n'est pas fait, nous condamnerons nos dirigeants. Nous ne comprenons toujours pas comment nous pouvons être un Etat indépendant et souverain et continuer à dépendre des forces étrangères." 

Des troupes kenyanes à Goma

Les forces étrangères sont les troupes kenyanes qui sont arrivées à Goma, samedi dernier, dans le cadre de la force régionale de l'EAC, la Communauté est-africaine.

Ces troupes ont été déployées pour une mission offensive et non pour l'observation, a expliqué le porte-parole de la 34e région militaire, le major Guillaume Njike.

Le major Njike, porte-parole de l'armée congolaise, déclare que "la mission d'établir une zone tampon ou d'interposition n'est pas à l'ordre du jour". Il se veut rassurant : "les instructions des chefs d'Etat mais aussi les concepts sont très clairs. Les amis du Kenya sont là pour une mission purement offensive."

Un officier des FARDC devant des jeunes volontaires qui souhaitent rejoindre l'armée congolaise à Goma
Lors d'un recrutement de jeunes volontaires qui souhaitent rejoindre les FARDC à GomaImage : Zanem Nety Zaidi/DW

Signe de faiblesse de la RDC ?

Selon l'analyse du professeur Daddy Saleh, ces troupes kényanes risquent de se montrer aussi inefficaces pour ramener la sécurité que la Monusco, dans laquelle le Kenya a d'ailleurs été représenté à de nombreuses reprises. Pour lui, le gouvernement congolais devrait concentrer son action sur son armée.

"Nous avons beaucoup de nos enfants qui sont capables de [défendre la RDC]", dit-il. Pour Daddy Saleh, "compter sur les troupes étrangères, c'est déjà une faiblesse parce que nous avons déjà plus de 50 pays qui ont des troupes en RDC et le Kenya était déjà là, mais ça n'a rien changé jusqu'à présent. Je n'y crois donc pas, mais espérons que cela produira quelque chose. Je conseille plutôt que nous soyons capables d'organiser notre armée." 

Le Rwanda et l'Ouganda continuent d'être accusés par le gouvernement congolais de soutenir la rébellion du M23.

Le comité des sanctions des Nations unies se rendra dans les deux pays dans les prochains jours pour clarifier la question, a annoncé son président Michel-Xavier Biang, ce week-end depuis Kinshasa.