1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Frederik de Klerk, l'autre artisan de la fin de l'apartheid

Delali Sakpa | Avec agences
11 novembre 2021

L'ancien président sud africain et prix Nobel de la paix, Frederik Willem de Klerk, est décédé à l'âge de 85 ans. Quel héritage laisse-t-il derrière lui?

https://p.dw.com/p/42tLb
Frederik Willem de Klerk lors d'une interview en 2015
Frederik Willem de Klerk lors d'une interview en 2015Image : Herbert Neubauer/picture alliance


Frederik Willem de Klerk est né à Johannesburg le 18 mars 1936. Il a grandi dans une famille d'Afrikaners blancs politiquement actifs. Très tôt, il s'engage au sein du Parti national. Il fait ensuite carrière en tant que membre du Parlement et comme ministre. 

En 1989, il devient président de l'Afrique du Sud. Jusqu'alors conservateur, il est considéré comme un défenseur de l'apartheid. Mais peu après son élection, il agit en réformateur pragmatique qui prône un équilibre entre les blancs et les noirs. 

Lire aussi: Décès de Frederik de Klerk

Afrique du Sud, le 10 février 1990, Fredrik Willem de Klerk annonce la libération de Nelson Mandela
Afrique du Sud, le 10 février 1990, Fredrik Willem de Klerk annonce la libération de Nelson MandelaImage : picture-alliance/dpa

Sa place dans l’histoire et le prix Nobel 

“Je ne me suis pas réveillé un jour en disant que l'apartheid était une erreur - c'était un processus. “ 

C'est en ces termes que Frederik de Klerk s'exprime lors d’un discours prononcé le 2 février 1990 qui lui vaut de rester dans les livres d'histoire. 

Lors de ce discours, il annonce devant le Parlement sud-africain que Nelson Mandela sera libéré de prison après 27 années passées en détention. Cette annonce électrise un pays qui, pendant des décennies, a été sanctionné par la communauté internationale pour son système de discrimination raciale connu sous le nom d'apartheid. 

Dans ce même discours, Frederik de Klerk annonce aussi la levée de l'interdiction du Congrès national africain et d'autres groupes politiques anti-apartheid. 

En octobre 1993, Frederik de Klerk et Nelson Mandela reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix pour leur volonté de réconciliation, "leur intégrité personnelle et leur grand courage politique". 

Dans le gouvernement d'unité du président Nelson Mandela, Frederik de Klerk devient l'un des deux vice-présidents, mais il perd rapidement de son influence. 

Prix Nobels de la paix 1993 : Nelson Mandela et Frederik de Klerk
Prix Nobels de la paix 1993 : Nelson Mandela et Frederik de KlerkImage : picture-alliance/AP Photo

Relations souvent conflictuelles mais de respect avec Nelson Mandela 

Frederik de Klerk rencontre secrètement Nelson Mandela avant sa libération. Il dira plus tard de leur première rencontre que Mandela était "plus grand que prévu" et qu'il avait été impressionné par sa posture et sa dignité.  

Plus tard dans sa vie, après la transition politique de l'Afrique du Sud, de Klerk déclare qu'il n'y a plus d'animosité entre lui et Mandela et qu'ils sont devenus amis, qu'ils se sont rendus l'un chez l'autre. Nelson Mandela dit aussi être reconcilié avec lui.  

Lire aussi: Il y a 25 ans, la fin de l'apartheid

"M. de Klerk est un grand homme. Nous nous sommes tellement disputés mais il a mon respect. Après toutes les négociations, nous pouvons nous serrer la main, nous asseoir, prendre un café et tout oublier." dira le leader de l'ANC.

Figure controversée dans son pays

Bien que de Klerk ait été considéré comme un homme de transition pacifique, il n’a jamais fait l’unanimité dans son pays.

Figure controversée en Afrique du Sud, beaucoup lui reprochent les violences commises à l'encontre des Sud-Africains noirs et des militants anti-apartheid pendant qu'il était au pouvoir. 

Tandis que certains Sud-Africains blancs considérent ses efforts pour mettre fin à l'apartheid comme une trahison.

Desmond Tutu, qui a présidé la Commission vérité et réconciliation, salue aujourd'hui le courage de réformateur de Frederik de Klerk mais il regrette qu’il n’ait jamais présenté – je cite – "de profondes excuses à la nation pour les terribles méfaits de l'apartheid".  

"Ceci est mon dernier message adressé au peuple d'Afrique du Sud"

Pourtant, dans un message vidéo posthume idffusé par sa fondation, Frederick de Klerk présente des excuses complètes et "sans réserve pour la douleur, la souffrance, l'indignité et les dommages que l'apartheid a infligé aux noirs, bruns et indiens d'Afrique du Sud".

Il parle de son changement de cap politique comme d'une "conversion" : "Surtout depuis la fin des années 1980, j'ai acquis la conviction que ce que nous faisions était moralement indéfendable et que l'apartheid était mauvais. Vous ne pouviez pas l'améliorer, vous deviez l'interdire. J'ai joué un rôle de premier plan dans son interdiction. "

En dépit de déclarations publiques pour se distancer de l'apartheid, il n'a pas été considéré de son vivant comme une icône, contrairement à Nelson Mandela

Frederik de Klerk laisse derrière lui sa seconde épouse Elita, ses enfants Jan et Susan, et ses petits-enfants.