Faites ce que je dis, pas ce que je fais...
24 mars 2010Google contourne la grande muraille de la censure chinoise, titre Die Welt. Google qui se veut le défenseur du droit démocratique de tout savoir tout de suite, c'est David contre Goliath. Mais on n'en est plus là. Entre-temps, Google contre Pékin, c'est Goliath contre Goliath. Celui qui voulait répandre dans le monde entier le parfum de la liberté est devenu un monstre vorace qui vise le monopole de l'information. Et n'oublions pas que Google traite les droits des auteurs avec le même mépris que Pékin traite le droit à l'information de sa population.
La Frankfurter Rundschau parle certes de courage car l'entreprise met ainsi en jeu sa présence sur le marché chinois. Mais l'information n'est pas seulement un droit de l'Homme, c'est aussi une marchandise. Et personne ne gagne autant d'argent avec cette marchandise que le géant américain. Cette décision relève donc plus de la stratégie commerciale que de l'épopée morale. D'autant que, en quatre ans de présence, le chiffre d'affaires en Chine de Google ne représente qu'un pour cent de son chiffre d'affaires global.
Même attitude critique à la Tageszeitung qui rappelle que les technologies utilisées par Pékin pour censurer les contenus Internet proviennent de grands groupes informatiques américains. Et la taz de souligner que la censure sur Internet n'est pas limitée à des états répressifs comme la Chine ou l'Iran. En Allemagne aussi, Google filtre par principe l'Internet pour bloquer les contenus d'extrême-droite ou pornographiques et utilise les mêmes procédés que Pékin.
Si la Süddeustche Zeitung parle aussi de Google, le quotidien titre également sur la volte-face d'Angela Merkel qui, contrairement à son refus manifesté dimanche dernier de payer pour Athènes, accepte maintenant que le gouvernement grec fasse appel au Fonds Monétaire International pour résoudre ses difficultés. Pourtant, tempère le quotidien, si Berlin et Paris sont d'accord sur le sujet, rien ne dit que le sommet européen de jeudi prendra une résolution en conséquence car certains des 25 autres états membres affrontent les mêmes difficultés que la Grèce.
Ce qui fait dire à la Frankfurter Allgemeine Zeitung : c'est une première ! Le plus important état-membre, garant silencieux pendant si longtemps de l'Union européenne, refuse publiquement de payer cette union à n'importe quel prix. C'est pour cela que la crise de l'euro est bien plus qu'une simple crise monétaire. Cette crise modifie les règles du jeu au cœur même de l'Europe.