La colère des étdiants sud-africains
4 mars 2016
La colère gronde parmi les étudiants d'Afrique du Sud. Une colère alimentée par le sentiment que plus de deux décennies après la fin de l'apartheid, l'injustice et l'inégalité règnent encore aujourd'hui, rapporte la Süddeutsche Zeitung. En octobre dernier déjà, quelques centaines d'étudiants avaient essayé d'occuper le Parlement au Cap pour protester contre les frais universitaires (qui doivent encore être prochainement augmentés). Ces frais qui coupent l'accès aux études des enfants de familles noires plus pauvres sont pour beaucoup le symbole de la cimentation des vieilles stuctures dans lesquelles la minorité blanche domine toujours.
Les frais universitaires n'ont été que la goutte qui a fait déborder le vase: les protestations qui, depuis se multiplient, ont des motivations plus larges et visent le parti au pouvoir, l'ANC, le mouvement de libération de Nelson Mandela qui selon les jeunes détruit l'héritage du Père de la Nation. Ils ont le sentiment que l'ANC leur vole l'avenir meilleur qu'on leur avait promis.
Maintenant un nouveau semestre a commencé au Cap et les protestations reviennent. Les étudiants visent aussi tous les symboles de la culture coloniale qui domine encore le monde académique. Ainsi des étudiants en colère ont décroché des murs de l'Université tous les portraits d'universitaires blancs et les ont brûlés sur un bûcher !
Ce sont de bien mauvais jours pour la minorité de plus en plus réduite des optimistes qui veulent toujours croire que, depuis la chute de l'apartheid, la société sud-africaine est vraiment devenue la "Nation Arc-en-ciel" proclamée à l'époque par l'archevêque et Prix Nobel de la Paix, Desmond Tutu. Ces temps-ci, conclut le quotidien on se rend compte que les vieux ressentiments couvent sous la surface et que beaucoup de blessures sont cachées, mais pas encore cicatrisées...
En Ouganda, l'opposition est surveillée de près par Museveni
Le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 30 ans, a été réélu le 18 février pour un cinquième mandat. Depuis, le régime se livre à une démonstration de force, avec un important dispositif de policiers et militaires à Kampala.
Depuis le scrutin remporté haut la main par le président Museveni avec 61% des voix -selon la Commission électorale-, les opposants sont quotidiennement victimes de harcèlement, d'intimidations, et nombre de leurs partisans sont arrêtés par la police, rapporte la taz, die tageszeitung. Le principal candidat de l'opposition, Kizza Besigye du Parti FDC (Forum pour le Changement Démocratique) est pratiquement en résidence surveillée. Sa villa dans le quartier de Kisangati est encerclée jour et nuit par des véhicules de police, et des planches hérissées de clous bloquent l'entrée de la propriété.
Les journalistes qui tentent de s'approcher sont immédiatement chassés de manière brutale par les policiers ou même arrêtés. Même ses avocats et ses camarades de parti ne peuvent lui rendre visite. Et dès que Besigye quitte sa maison, des policiers l'interceptent et le jettent dans un fourgon blindé. Une douzaine de fois depuis les élections, Besigye s'est ainsi retrouvé en cellule - sans motif précis d'inculpation.
Les critiques internationales se multiplient, relève l'éditorialiste. Des observateurs internationaux ont mis en cause l'indépendance de la commission électorale. A Washington, le président Obama a déclaré attendre des autorités ougandaises qu'elles respectent les droits de tous ses citoyens, indépendamment de leur orientation politique et de permettre à l'opposition de jouer son rôle légitime sur la scène politique. La taz relève avec satisfaction que c'est là un ton nouveau de la part de Washington vis à vis du régime dont les unités spéciales ont été formées par des instructeurs militaires américains."
N.B.: Amama Mbabazi l'un des candidats battus à l'élection présidentielle du 18 février, a présenté un recours en annulation du scrutin devant la Cour Suprême à Kampala. Mais Kizza Besigye, lui, a été empêché par le régime de faire de même à la date butoir de mardi dernier…