Dis-moi oui, dis-moi non...
15 décembre 2010Ils sont fous ces Romains, semble dire la Frankfurter Rundschau. Silvio Berlusconi a de nouveau sauvé sa tête ! Mais avant de jouer les bons élèves et de réclamer à cor et à cri l'isolement de l'Italie pour les cent prochaines années, nous devrions plutôt nous demander si nous ne sommes pas en train d'assister au naufrage d'un type de démocratie dont les autres États de l'Union européenne, même si c'est à des degrés différents, ne sont pas si éloignés. La France par exemple, sous la férule de Sarkozy ressemble de plus en plus à l'Italie et dans toute l'Europe, l'indifférence et la pipolisation de la politique ne cessent de progresser. Le Cavaliere a résisté à une multitude d'affaires qui auraient coûté dès le début leur carrière politique à d'autres, analyse die Welt.
Ni les promesses permanentes jamais tenues, ni ses échecs patents n'ont mis à mal son aura politique. Cette certitude que rien ne pourra lui arriver a quelque chose de magique. Mais lorsque son étoile pâlira, les Italiens se réveilleront dans un pays dévasté où les poubelles ne seront pas les seules montagnes aux relents putrides. Une fois de plus, Silvio Berlusconi sauve sa tête, constate la Süddeutsche Zeitung. Pourtant, cette fois, ce pourrait bien être une victoire à la Pyrrhus. L'avenir de son gouvernement est loin d'être assuré. Ce double vote de défiance pourrait bien avoir sonné le glas de l'ère Berlusconi. Personne ne sait non plus ce qu'il adviendra du projet de Gianfranco Fini de mettre en place une nouvelle droite, libérale et démocratique. L'obligation de devoir se rassembler pourrait se révéler salutaire pour le monde politique italien qui doit retrouver le contact avec la réalité.
Si la Tageszeitung fait sa Une avec une photo du chef du gouvernement italien, arborant un rictus suffisant, et intitulée « Le Parrain », le quotidien de Berlin revient aussi sur le refus de la Sarre de voter vendredi prochain à l'Assemblée des Régions la réforme de l'aide sociale présentée par la coalition gouvernementale. Ce qui fait dire à la Frankfurter Allgemeine Zeitung : certes, le projet d'Ursula von der Leyen, la Ministre du Travail, mérite d'être amélioré. Mais l'on peut craindre que l'opposition veuille une nouvelle fois utiliser toutes les possibilités de blocage pour tenter d'imposer ses desiderata. Cette procédure parlementaire est encore plus critiquable que la réforme en jeu, conclut le quotidien.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Marie-Ange Pierron