Deuil, justice, amitié
12 novembre 2009"La mort de Robert Enke émeut les Allemands", titre Die Welt sous une photo de la veuve du gardien de but de l'équipe nationale. Pour le journal, le suicide de la star du foot remet en question notre rapport au sport, à la jeunesse et au succès. Les footballeurs vivent en permanence sous les projecteurs. Les accès de faiblesses, les dépressions sont des tabous, le public ne les tolère pas. Ils doivent rester fidèles à leur légende, même si c'est impossible. Au temps des Grecs, les héros sportifs étaient des demi-dieux de marbre et de bronze, éternellement jeunes. L'âme n'avait aucune place dans cette image. La triste fin de Robert Enke, conclut Die Welt, nous rappelle que les footballeurs ont une âme.
L'âme de Marwa el-Sherbini, elle, pourra peut-être reposer en paix puisque son assassin a été condamné à la plus lourde peine qu'un juge puisse ordonner en Allemagne : la prison à vie. La tageszeitung consacre sa Une à ce meurtre qui a provoqué l'indignation dans le monde arabe. Dans cette affaire, la majorité des Allemands condamne le meurtre d'une femme enceinte. Mais ils sont moins nombreux à condamner les stéréotypes antimusulmans qui ont motivé cet acte. De nombreux Allemands associent l'islam aux mariages forcés, aux crimes d'honneur et à la terreur islamiste. Le meurtre de Marwa el-Sherbini a remis en avant le problème du racisme envers les musulmans. La taz appelle à réfléchir maintenant à cette question.
Un chapitre de l'Histoire s'est refermé, écrit la Süddeutsche Zeitung à propos des cérémonies du 11 novembre, qui ont réuni Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy à Paris. Mais l'Histoire poursuit son cours et selon le journal, l'Europe est actuellement trop faible pour s'imposer dans l'échiquier politique mondial. Il lui faut une politique étrangère, un concept de sécurité et une armée. Seule la France et l'Allemagne sont en mesure de faire avancer les choses, prévient la SZ.
Les symboles historiques ne suffisent pas pour façonner l'avenir d'une Europe unie, estime elle aussi la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy doivent maintenant décider à quelles fins ils veulent employer leur amitié retrouvée. Le président français a déjà assailli la chancelière avec des propositions. Parmi elles, il y a celle de créer un ministre commun aux deux pays. Tant qu'il ne s'agira pas d'un poste aux prérogatives clairement définies, l'effet de synergie recherché risque d'être nul, estime la F.A.Z. La chancelière devrait peut-être à son tour faire des propositions et ne pas se laisser submerger par le flot d'idées du président français.