De nouvelles tensions identitaires en Côte d’Ivoire
17 mai 2019Ces affrontements, partis d’une banale altercation entre un transporteur Malinké (Dioula) et un taxi-moto (Baoulé), ont vite pris une ampleur communautaire.
Car ces tensions, de l’avis de Yacoubou Doumbia, président du Mouvement ivoirien des droits de l’Homme, sont nourries par de vieilles querelles identitaires et foncières entre les autochtones que sont les Baoulés et les Malinqués ou les Dioulas.
"Ces populations ont toujours vécu ensemble, mais il y a la question foncière : Qui est propriétaire de la terre? Qui ne l’est pas? Et puis la question centrale de la nationalité : nous sommes chez nous, vous n’êtes pas chez vous. Et cela est instrumentalisé par les politiques. En fait, c’est ce qui a expliqué la crise ivoirienne, qui est encore dans ces tiroirs."
Des tensions dans une période sensible
Pour le sociologue ivoirien Francis Akindès, régler ces tensions reviendrait à apaiser le climat politique ivoirien en proie à la méfiance, d'autant plus que le pays se prépare à des échéances électorales.
"La solution à tout cela est politique. À partir du moment où le pouvoir a changé de camp et actuellement il y a une espèce de tension, entre le RHDP dominé par le RDR et le PDCI. On va vers une période électorale et toutes ces tensions communautaires vont être politisées."
Le calme n’est pas encore totalement revenu à Béoumi mais les autorités locales assurent que tout va bientôt rentrer dans l’ordre. C’est ce qu’a déclaré Jacques Mangoua, président du Conseil régional de Gbêkê.
"Lorsqu’on aura le calme total, quand tout le monde va revenir à de meilleurs sentiments, on va s’assoir pour parler car ce sont des communautés qui vivent ensemble depuis plus de cent ans."
Les affrontements intercommunautaires, parfois meurtriers, sont fréquents en Côte d’Ivoire, pays d'environ 25 millions d'habitants qui compte plusieurs dizaines d'ethnies et une importante communauté étrangère.