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La décision de Fayulu "n'a aucun impact sur le régime"

Jean-Noël Ba-Mweze
13 juillet 2023

Martin Fayulu redit qu'il ne déposera pas de candidature si le fichier électoral n'est pas revu. Réactions.

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L'opposant congolais Martin Fayulu
Candidat de la coalition Lamuka, Martin Fayulu avait été annoncé deuxième à l'élection présidentielle de 2018 par la Ceni. Image : Nicolas Maeterlinck/BELGA/picture alliance

En République démocratique du Congo, Martin Fayulu a de nouveau mis en garde contre "la parodie électorale en préparation" concernant les élections générales qui doivent se tenir dans cinq mois. Vendredi 14 juillet, c'est par ailleurs la date limite de dépôt des dossiers pour les législatives. 

Si l'opposant congolais refuse toujours de parler de boycott, il a déclaré mercredi 12 juillet, lors d'une conférence de presse : "en l'absence d'un fichier fiable, audité par un organisme indépendant, nous ne déposerons pas nos dossiers de candidature". Selon lui, sur 43,9 millions d'électeurs inscrits, il y en a "10 millions de fictifs"

Le FCC applaudit 

Du côté de la coalition de l'ancien président congolais, Joseph Kabila, on se félicite de la fermeté de Martin Fayulu.  

"Chaque fois que quelqu'un suit la voie de la raison, ça veut dire ne pas donner une certaine crédibilité à un processus qui met en péril la démocratie dans notre pays, pour nous du FCC, nous ne faisons que nous en réjouir", a déclaré Ferdinand Kambere, cadre Front commun pour le Congo, au micro de la DW. 

Le combat dans lequel nous sommes engagés, c'est de résister contre toute dérive didactoriale. Ceux qui sont en train d'observer la situation voient même que ceux de l'Union sacrée eux-mêmes ne sont pas véritablement engagés. C'est parce qu'ils savent que c'est un processus électoral qui ne vaut pas la peine."

Appel au peuple

Martin Fayulu sur la DW

Créée au mois d'avril dernier, l'Union sacrée est une coalition de partis soutenant la candidature du président Félix Tshisekedi à sa réélection en décembre. 

Ferdinand Kambere du FCC poursuit : "Les gens qui se sont fait enrôlés, en réalité, ils ne l'ont pas fait vraiment parce qu'ils croyaient à des élections démocratiques, inclusives, transparentes. C'est simplement parce que d'autres avaient besoin d'une carte pour tel ou tel autre service. Le fait que nous n'ayons ni une Ceni consensuelle, ni une Cour constitutionnelle régulIèrement composée, encore moins de fichier électoral fiable et que eux veulent aller aux élections de cette manière là, je crois que c'est le peuple qui se lèvera." 

Le camp de l'ancien président Joseph Kabila qui a gouverné le pays entre 2001 et 2019 a, quant à lui, demandé à ses militants de boycotter le processus électoral.

Opposition en carton 

La position de Martin Fayulu ne fait cependant pas l'unanimité, certains estimant au contraire qu'en se retirant, l'opposant rate une occasion de démontrer sa force. Pour le professeur Nkere Ntanda, ce retrait profite même au régime du président Félix Tshisekedi : 

"S'il s'agissait de quelqu'un qui avait réelleement gagné et qui a une vrai base, ce serait une autre occasion de montrer cette force -à. Mais le fait de se retirer est une déclaration claire de cette insuffisance. Et puis qu'on se le dise : il n'y a pas d'opposition dans ce pays ! C'est une opposition en carton qui n'a jamais su s'unir ou agir d'une façon qui soit telle que le pouvoir puisse réellement avoir peur. il n'y a pas de population congolaise derrière ces gens ! Le fait que Martin Fayulu se retire c'est un élément de dérangement de moins pour les gouvernants. Et ils doivent recevoir ça avec une joie qu'il se retire et le train continue comme ils ne cessent de le dire, ça n'a aucun impact sur le régime. Au contraire, ça leurs faciliite la tâche."

Pour rappel la présidentielle, à un seul tour, est prévue le 20 décembre, couplée à l'élection des députés nationaux et provinciaux ainsi que des conseillers communaux. Félix Tshisekedi, président depuis janvier 2019, est candidat à un second mandat de cinq ans.