Débat relancé sur la pédophilie
10 janvier 2013Après que le scandale ait éclaté au grand jour en 2010, l'Eglise catholique allemande avait chargé Christian Pfeiffer, directeur et fondateur de l'Institut central de criminologie de Basse-Saxe d'enquêter sur les actes pédophiles commis par des prêtres ces dernières années. A cet effet, la Conférence épiscopale allemande avait annoncé, en juillet 2011, l'ouverture complète des archives de plus d'une vingtaine de ses diocèses. Des archives qui rassemblent une multitude de documents remontant jusqu'en 1945.
Mais au bout de 4 ou 5 mois, au cours desquels l'Eglise avait d'abord activement collaboré, le professeur Pfeiffer et son groupe de chercheurs indépendants avaient dû constater des résistances. Christian Pfeiffer : « Il y a eu alors des réticences à Münich et plus tard aussi à Ratisbonne et il était clair que ces diocèses voulaient un droit de contrôle plus large pour l'Eglise ».
Censure de la part de l'Eglise ?
Sous l'influence de ces diocèses, les évêques allemands auraient alors demandé au criminologue, pourtant réputé pour son indépendance et son impartialité, de soumettre systématiquement toutes ses recherches "pour approbation" avant une éventuelle publication, se réservant le droit d'interdire certains rapports. Une censure pure et simple, comme l'a dénoncé le professeur Pfeiffer qui affirme même que certains dossier ont été détruits. La Conférence épiscopale allemande a démenti ces allégations et rompu toute collaboration avec son Institut. Matthias Kopp, le porte parole de la Conférence épiscopale nie toute volonté de censure de la part de l'Eglise et déclare que l'enquête suivra son cours : « nous n'avons pas abandonné le projet de recherche, il va être naturellement poursuivi. Mais à cet effet nous allons chercher un autre partenaire. »
Obligation morale
De son côté, le criminologue n'entend pas abandonner son travail d'enquête et de recherche sur les actes pédophiles commis au sein de l'Eglise. Pour lui, c'est une obligation morale vis à vis des victimes.
« Nous essayons maintenant de sauver ce qui peut l'être, en demandant aux victimes dans toute l'Allemagne de s'adresser à nous directement au lieu de passer par l'Eglise. Nous espérons ainsi sauver le projet de recherche et faire la lumière sur ce que les victimes ont enduré. »
Le ministère allemand de la Justice a pris position dans cette affaire : la ministre Sabine Leutheusser-Schnarrenberger a demandé au président de la Conférence épiscopale, Mgr Robert Zollitsch, de garantir « rapidement que l'Eglise ne puisse plus être accusée de censure ou de tentative de contrôle qui empêcheraient une étude indépendante. »