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Crise de communication à la CDU

29 mai 2019

Les journaux réagissent à la polémique lancée par la patronne des conservateurs allemands, Annegret Kramp-Karrenbauer, après la publication d'une vidéo appelant à ne pas voter pour son parti aux européennes.

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Une pétition a été lancée pour dénoncer les tentatives d'atteintes à la liberté d'expression
Une pétition a été lancée pour dénoncer les tentatives d'atteintes à la liberté d'expressionImage : www.change.org

Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) enchaîne les erreurs depuis qu'elle a succédé à Angela Merkel à la tête de l'Union chrétienne-démocrate, constate la Süddeutsche Zeitung.

Sa réaction à la vidéo du youtubeur Rezo [qui avait appelé à ne pas voter pour les partis du gouvernement en raison de leur politique environnementale] a été pour le moins maladroite et surtout, elle va totalement à contre-courant de la réalité de ceux qui ont grandi avec internet.

AKK ne cesse de dégringoler dans les sondages depuis qu'elle a été élue à la tête de la CDU
AKK ne cesse de dégringoler dans les sondages depuis qu'elle a été élue à la tête de la CDUImage : Getty Images/S. Gallup

Rezo et les influenceurs, qui ont atteint des millions de personnes avec leur diatribe anti-CDU, ont avant tout une revendication : ils veulent que l'Allemagne soit climatiquement neutre d'ici à 2035, tel que le gouvernement l'a prévu. Et ils dénoncent la pollution de l'environnement dont celui-ci est, à leurs yeux, responsable.

Pour le moins isolé, le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung prend la défense d'AKK. Certes, Rezo n'a pas dépassé les limites de la légalité, mais il existe des règles tacites dans les rédactions.

Les médias évitent ainsi d'adresser des recommandations électorales. Ils veulent former des opinions mais pas devenir des tracts militants pris dans des luttes de pouvoir, comme au temps de la République de Weimar.

Cette règle n'est pas appliquée sur internet. Il est donc légitime, selon le quotidien, de profiter de cette affaire pour inviter à débattre de la possibilité d'établir pour le web des règles similaires à celles qui régissent la société analogue.

Plusieurs quotidiens dont les Nürnberger Nachrichten remettent en question la dauphine d'Angela Merkel. On pourrait attendre d'une femme qui a l'ambition de devenir chancelière qu'elle connaisse la signification de la liberté d'expression, une valeur que la Cour constitutionnelle qualifie de "constitutive de l'ordre démocratique", fait remarquer le journal.

Sebastian Kurz, premier chancelier démis par le Parlement

En Autriche, c'est une autre vidéo - dite "d'Ibiza" - qui a eu raison du chancelier Sebastian Kurz : celle dans laquelle on voyait des responsables du parti FPÖ d'extrême droite monnayer une éventuelle prise d'influence sur les médias - c'était juste avant qu'ils forment une coalition avec le jeune chancelier.

Le plus jeune chancelier d'Autriche aura tenu 18 mois à la tête du pays
Le plus jeune chancelier d'Autriche aura tenu 18 mois à la tête du paysImage : Reuters/L. Niesner

Après les démissions en cascade des membres FPÖ du gouvernement, le parlement a voté une motion de censure contre Sebastian Kurz mais attention, prévient die tageszeitung, il ne s'agit pas d'une crise d'État.

Une motion de censure est un instrument démocratique et les concernés ont eu tout le temps pour s'y préparer. En effet, révèle le journal, la vidéo était connue depuis déjà au moins un an dans le cercle médiatique.

On peut imaginer que de nombreux conseillers politiques se sont creusé la tête pour trouver la position à adopter lorsque l'affaire éclaterait au grand jour.

Vu sous cet angle, tout s'est déroulé selon une mise en scène parfaite, poursuit la taz : les principaux acteurs du scandale, Strache et Gudenus, démissionnent mais sans dire à quel point leur démarche était illégale.

Le chancelier affiche sa fermeté face à la presse, en feignant d'ignorer que c'est lui-même qui a amené l'extrême droite au pouvoir à ses côtés. Il remplace les ministres vacants sans consulter l'opposition... Le vote de défiance était donc inéluctable.

Deutsche Welle Anne Le Touzé
Anne Le Touzé Journaliste au programme francophone de la DWnanetouz