Contestation de l'autorité de Yasser Arafat
19 juillet 2004Dix ans après sa création, l'Autorité palestinienne est au bord du gouffre, écrit la Süddeutsche Zeitung. La population meurt de faim et souffre de l’occupation israélienne pendant que ses dirigeants se servent des aides internationales pour couvrir leurs salles de bain de marbre et acheter des limousines climatisées. Sous la direction de Yasser Arafat, corruption et népotisme sont devenus synonymes d’une autorité qui n’a finalement pas apporté grand chose aux Palestiniens. Pour le journal de Munich, Yasser Arafat récolte aujourd’hui les fruits de la colère : son peuple se tourne vers les groupes terroristes qui appellent à la destruction d’Israël. Des groupes qui jouissent entre-temps de plus de respect auprès de la population palestinienne que son président lui-même.
On a déjà annoncé plusieurs fois la fin de Yasser Arafat, écrit pour sa part die Welt. Pourtant à chaque fois, plus la pression internationale augmentait, plus son peuple se ralliait derrière lui – en tout cas jusqu’à présent. Pour le journal de Berlin, un grand tournant vient d’avoir lieu. Les Palestiniens eux-mêmes ne peuvent plus supporter le despotisme politique de leur dirigeant. Une guerre civile menace d’éclater entre les favoris du leader palestinien et les nouvelles personnalités montantes qui représentent les espoirs des masses palestiniennes. Le seul service que Yasser Arafat peut encore rendre aux Palestiniens, au processus de paix du Proche-Orient et à la communauté internationale, c’est de démissionner, conclut le quotidien.
Des enlèvements pour protester contre la corruption, l’anarchie pour répondre à l’arrogance de l’autorité, pour la Frankfurter Rundschau Yasser Arafat a une grande part de responsabilité dans ces problèmes. Ce sont les conséquences de son refus obstiné d’entreprendre des réformes. Car le président de l’Autorité Palestinienne ne veut pour rien au monde renoncer à son pouvoir, ne serait-ce qu’en partie. Et quand rien ne se passe au niveau politique, poursuit le journal, la violence finit par éclater. Cette crise représente au moins la chance de montrer ses limites à un chef de guérilla vieillissant et sans vision pour le futur.