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Cinéma

Le cinéma amateur de Ouagadougou sous les projecteurs

Richard Tiéné
28 mai 2021

De nombreux jeunes burkinabè rêvent de remporter l’Étalon d’or de Yennega, sacre suprême du Fespaco. Les Journées du Cinéma Amateur de Ouagadougou leur offrent des opportunités de formation.

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Burkina Faso | Place des cinéastes, Ouagadougou
Burkina Faso | Place des cinéastes, OuagadougouImage : wikipedia/Sputniktilt

Diallo Diele sort de la salle tout ravi que son film a été choisi pour la projection inaugurale de la deuxième édition des Journées du cinéma amateur de Ouagadougou, les JCAO. Élève au Lycée technique national Aboubacar Sangoulé Lamizana, il est scénariste et réalisateur en herbe du film le Roi de décembre : 

"Le film relate l’histoire des élèves qui pensent qu’en décembre, il ne doit pas y avoir cours. Pendant un mois il y a des perturbations dans les écoles. Il y a des élèves qui estiment que c’est normal qu’il n’y ait pas cours. Ce film a été écrit pour les sensibiliser parce que tous les mois doivent être consacrés au cours."

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Oumarou Kaboré est le promoteur de Clap en herbe, la structure qui organise les journées du cinéma amateur de Ouagadougou. Les JCAO ont pour objectif de contribuer à l’éclosion d’une génération de professionnels dans le secteur de cinéma africain :

"On les amène à faire de petits films. Tout le processus est fait par eux-mêmes, de l’écriture du scenario, à la production et à la post-production…L’objectif des JCAO, c’est de les amener à faire un premier pas pour comprendre comment les choses se font, rencontrer les professionnels, discuter avec eux, prendre des conseils, suivre beaucoup de films avec le FESPACO qui est notre partenaire."

Ecoutez le reportage de Richard Tiéné

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Les élèves cinéastes en herbe travaillent sous la direction artistique des professionnels à l’image de l’actrice Sonia Kontiébo :

"Comment ils peuvent se tenir naturellement ? Comment ils peuvent parler aisément ? Comment se calmer pour que ça soit plus naturel pour que quand on les voit qu’on se rendent compte qu’ils ne forcent pas. Tout cela se ressent très fort dans le cinéma."

Des difficultés...

Dans le cadre la production de sa fiction, Diallo Diele s’est imprégné des difficultés que vivent au quotidien les professionnels du cinéma africain. 

"Il y a des acteurs retenus pendant le casting dont les parents ont refusé qu’ils jouent dans le film. On avait souvent des difficultés à avoir l’eau sur le plateau. Comme on n’avait pas de budget on a tourné notre film qui fait 13 minutes en une journée. Les acteurs n’allaient pas revenir le deuxième jour puisqu’on n’avait pas le carburant (pour leurs engins NDLR) ni la nourriture. On a donc mis le paquet pour finir le film en une journée."

Exposition, en Allemagne, du tableau du monument en hommage aux cinéastes Africains.
Exposition, en Allemagne, du tableau du monument en hommage aux cinéastes Africains.Image : Universität Bayreuth/Iwalewahaus

Les jeunes ont plus de chance

Frédéric Kaboré le directeur général de l’ISIS, l’Institut Supérieur de l’Image et du Son de Ouagadougou, constate que les jeunes cinéastes ont plus de facilité à appréhender l’image que la lecture.

"On niveau de la littérature, il y a eu quelques difficultés à engager les jeunes. Cependant au cinéma cela nous parait plus facile et plus rapide de regrouper autant de jeunes en si peu de temps pour leur permettre d’appréhender le minimum de langage cinématographique pour sortir des produits très actuels ; des produits qui sont la manifestation de leur désir."

Abdoulaye Dao est un réalisateur connu par de nombreux cinéphiles. Il estime que la formation est la matière première pour les talents en devenir.

"J’ai eu la chance de faire une école de cinéma, l’Institut africain d’étude cinématographique. Au niveau du secondaire je n’ai pas eu la chance d’être dans des ciné-clubs bien structurés, bien organisés. Cela aurait pu aiguiser mon envie de devenir cinéaste. Le cadre dans lequel ils sont me permet de dire que ce sont des jeunes qui ont une vision ; des jeunes qui vont plus tard véritablement se former dans les corps de métiers pour que le cinéma puisse se reposer et renaitre, parce qu’il faut reconnaitre que notre cinématographie a pris un coup ces dix dernières années. Il y a plein de gens qui y sont sans formation."

Un technicien du Festival Panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou
Un technicien du Festival Panafricain du cinéma et de la télévision de OuagadougouImage : Getty Images/AFP/J. P. Ksiazek

Raconter les belles histoires....

Le célèbre comédien Gustave Sorgho reste persuadé que de nombreuses thématiques relatives à l’Afrique peuvent inspirer les jeunes talents :

"C’est toujours bon de partir à la pépinière. Le fait que ce sont des jeunes qui s’intéressent et qui s’initient à ce métier, c’est un bon départ. On a beaucoup de choses à dire en Afrique. L’histoire de la colonisation, l’histoire des indépendances et après les indépendances. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels on peut revenir. Ce ne sont pas seulement les sujets historiques. Quand on a de l’imagination on peut faire de bonnes choses et faire en sorte que ce métier soit rentable et s’industrialise."

Les films réalisés par ces jeunes scolaires feront le tour des établissements d’enseignement et certains médias ; c’est déjà un premier pas majeur vers les portes de la consécration du 7e art en Afrique.

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