C’est quoi déjà Schengen ?
5 mai 2011Faut-il suspendre Schengen? Schengen ce n’est pas le nom d’un employé qui aurait commis une bévue ni la marque d’un manteau qu’on souhaite accrocher dans un placard. Encore que l’image du placard ne soit pas si éloignée que cela de la réalité. Non, Schengen n’est rien moins que l’un des symboles les plus forts de l’Europe : à savoir la suppression des frontières décidée en 1985 dans un petit village du Luxembourg – Schengen – entre cinq états. Mais la famille va s’agrandir puisque désormais l’espace Schengen compte 25 pays, y compris la Norvège et la Suisse qui ne font pas partie de l’Union européenne.
C’est ce symbole incontestable, mondialement connu, illustrant mieux que tous les autres sans doute la réussite du projet européen, que Paris et Rome souhaitent mettre en parenthèse. Provisoirement bien entendu. Et pour quoi cela ? A cause de 25 000 réfugiés, Tunisiens pour la plupart, qui après être entrés en Italie commencent à arriver en France. Le vent de liberté qui souffle sur les états arabes est donc en train d’enrhumer les européens qui eux se replient sur leurs postes de douanes.
Au moins la proposition franco-italienne a-t-elle le mérite de poser le problème franchement car selon un document publié par le Center for European Policy Studies à Bruxelles, l’espace Schengen a, dans les faits, déjà été suspendu 66 fois depuis 1995. A chaque fois pour des événements aussi différents que le mariage du prince Felipe en Espagne, un sommet du G8 ou la Coupe du monde 2006 en Allemagne. Aucun rapport bien sûr avec les révolutions arabes.
Immigration et intégration
La Commission a donc présenté mercredi un document, une feuille de route qui est censée répondre à la crise actuelle sur les frontières de l’Union européenne et à la suspension réclamée de l’espace Schengen. La Commission souhaite profiter de cette crise pour remettre à plat beaucoup de sujets en matière d’immigration comme le droit d’asile, l’immigration légale ou l’intégration des populations migrantes présentes sur le sol européen.
Mais ce qui focalise l’attention c’est comment finalement peut-on accepter que des états s’attaquent à un des symboles les plus forts de l’Europe : l’absence de frontières.
C’est la question que nous avons posée à Marcin Jrabiec, le porte-parole de Cecilia Malmström, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures.
Le plombier polonais is back
Depuis le 1er mai, les trois pays qui entretenaient encore des barrières sur leur marché du travail ont dû finalement, quasiment contraints et forcés, ouvrir leur marché du travail aux pays de l’est membres de l’Union européenne. Les deux pays encore réticents à l’élargissement de l’Union européenne pour ce qui concerne la main d’œuvre sont l’Allemagne et l’Autriche. A ces deux d’ajoutent la Suisse qui ne fait pas partie de l’Union européenne mais y est liée par de nombreux accords bilatéraux.
En 2004, dix pays, essentiellement en Europe centrale et orientale, avaient rejoint l’Union et sept ans plus tard les dernières barrières devaient être levées. C’est chose faite. Les pays comme l’Allemagne et l’Autrice qui avaient fermé leurs frontières aux travailleurs de l’est par crainte d’une vague d’immigration sont en fait aujourd’hui en manque de main d’œuvre et viennent puiser chez leurs voisins. Principal pays concerné : la Pologne où le chômage dépasse les 13% et où le fameux plombier polonais est de nouveau très courtisé.
Un reportage de Damien Simonart.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Elisabeth Cadot