Ces milliards qui échappent au fisc en Afrique de l'Ouest
23 mai 2018Ils sont treize journalistes d'investigation, originaires d'une dizaine de pays à collaborer à ce vaste travail d'investigations sous le parapluie du consortium international des journalistes d'investigation et de la cellule Norbert Zongo pour le journalisme d'investigation en Afrique de l'Ouest (CENOZO). Ces journalistes et lanceurs d'alerte ont fouillé dans les archives pour retrouver des traces d'affaires louches, illustrant la mauvaise gouvernance dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest.
Dévoiler la mauvaise gestion
Il s'agit d'histoires concernant des marchés passés de gré à gré, d'hommes politiques ou d'aspirants aux plus hautes fonctions politiques qui détiennent des comptes dans des paradis fiscaux ou qui ont posé par le passé, des actes contraires à l'éthique et la morale. Presque chacun des quinze pays de la sous région ouest-africaine est concerné. D'où le nom de "WestAfricaLeaks". L'idée, selon les journalistes, est d'attirer l'attention des citoyens sur ce qui est fait de l'argent public.
Le Niger et l'abattoir
West Africa Leaks interpelle par exemple le Niger avec une affaire de construction d'un abattoir frigorifique. Des milliards ont été décaissés sans que l'abattoir ne puisse jamais sortir de terre. Le journaliste Moussa Aksar se fait l'écho de ce scandale en pointant la période de la transition militaire post-coup d'État des années 2010. L'argent, ou du moins une partie, aurait disparu durant cette période. Or aucun des régimes qui ont suivi n'ont voulu enquêter.
Moussa Aksar, Directeur de publication du journal "L'Événement" au Niger explique que le travail d'investigation "a permi de comprendre que l'argent, effectivement prévu pour la construction, les 16 milliards, ont été dépensés au moment de la transition. Le régime actuel n'a pas voulu faire l'audit de la transition, ce qui explique cette affaire et qui prouve la mauvaise gouvernance à tous les niveaux."
Retrouvez ci-dessous l'intreview de Moussa Aksar !
En RCI, West Africa Leaks fait déjà grand bruit !
Un article mettant en cause le maire de la commune du Plateau dans la ville d'Abidjan révolte le concerné, Noel Akossi Bendjo. Celui-ci est membre du secrétariat exécutif du PDCI le parti de l'ex-président Henri Konan Bédié et il est accusé de détenir des capitaux dans une société aux Bahamas. Mais Noel Akossi Bendjo menace de poursuivre en justice le journaliste Anderson Diédri, rédacteur en chef du site d'informations en ligne "eburnietoday.com" qui est l'auteur de l'article de West Africa Leaks.
Interrogé par la Deutsche Welle, le journaliste Anderson Diédri dit attendre la plainte pour que la justice tranche. Dans l'enquête, explique-t-il, "on a démontré que Monsieur Akossi Bendjo est détenteur d'une société dans les paradis fiscaux notamment au Bahamas... Et on voit que la société a été créée en 1997, la même année où Monsieur Bendjo a été nommé Directeur général de la société ivoirienne des raffinages, la SIR."
Un autre article épingle Hamadoun Touré, candidat à la présidentielle au Mali, qui détiendrait une société offshore.