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Au Cameroun, la condamnation des militants du MRC divise

Elisabeth Asen
29 décembre 2021

Le verdict du tribunal militaire, qui a prononcé des peines allant d'un à sept ans à l'encontre de 54 partisans de Maurice Kamto, n'a pas cessé d'alimenter les débats.

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Le tribunal militaire de Yaoundé
Le tribunal militaire de YaoundéImage : Henri Fotso

L'annonce du verdict le lundi 27 décembre 2021 au tribunal militaire de Yaoundé, a suscité beaucoup de réactions.

Ernesto Yene, membre de la société civile, estime que c'est une décision disproportionnée.

"Nous avons eu dans ce pays, une vague de jeunes qui avaient décidé de tout casser lors du renouvellement du parti au pouvoir, et personne n'a écopé de sept ans de prison", s'indigne Ernesto Yene. "Il y a donc les gens qui peuvent casser et brûler sans se faire arrêter et d'autres pour avoir eu envie de marcher, écopent sept ans de prison ?"

Lourdes peines pour Olivier Bibou Nissack et Alain Fogué

Enfermés le 22 septembre 2020 pour avoir organisé ou participé à une marche contre le régime, qualifié de pacifique par le parti MRC, près d'une cinquantaine de militants et cadres du parti ont été condamnés à des peines allant de un à sept ans de prison ferme.

Olivier Bibou Nissack, le porte-parole de Maurice Kamto et le trésorier du parti, Alain Fogue écopent de la plus lourde peine.

Hermann III Ewane, journaliste, estime pour sa part que la justice n'a fait que son travail.

"La loi est dure mais c'est la loi. Les militants du MRC ont été arrêtés et reconnus coupables de certains faits. La justice camerounaise continue de faire son travail même si les avis divergent sur l'objectivité de cette justice", observe-t-il.

L'ONG Human Right Watch et quelques figures et leaders politiques ont dénoncé les condamnations.

Une campagne pour leur libération lancée au préalable par Maurice Kamto

Elles surviennent alors que le 21 décembre dernier, le MRC lançait une campagne pour la libération des prisonniers politiques notamment, 111 militants du parti, sous la houlette de son président, Maurice Kamto.

Cependant, Stéphane Akoa, chercheur à la fondation Paul Ango Ela à Yaoundé, regrette qu'il n'y ait pas suffisamment de mobilisation pour dénoncer cette injustice.

"Ce qui est inquiétant c'est que tout cela arrive dans une relative indifférence. À part quelques figures et leaders politiques notables qui ont dit leur indignation, je constate de façon générale, que la mobilisation au-delà des clivages politiques, n'est pas très importante et je peux craindre que malheureusement, cela ne soit une façon d'accepter la décision", estime Stéphane Akoa.

Côté MRC, le directoire ne laisse filtrer aucune information. Le conseil d'administration du parti a d'ailleurs interdit à tous ses cadres, membres et avocats de participer à des débats politiques ou donner des interviews jusqu'à nouvel ordre.