Côte d'Ivoire : vieux candidats pour jeunes électeurs
1 septembre 2020Au lendemain de la fin des dépôts de candidatures pour la présidentielle d’octobre prochain, nous nous sommes rendus à l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan Cocody pour interroger les jeunes sur ces vieux candidats qui ne veulent pas céder leur place. Et les réactions sont diverses.
"Pour une paix effective et durable, on a vraiment besoin d’écarter ces trois. Parce que depuis qu’ils sont là, à chaque élection c’est le feu, c’est le sang, c’est la peur en fait."
"Je suis contre la candidature de ces trois candidats. Ils doivent aller à la retraite. C’est mieux. Je pense qu’il est temps d’avoir de nouvelles personnes à la tête du pays."
"Je ne trouve pas d’inconvénient par rapport à la candidature de Mr Henri Konan Bédié. Mais vu son âge avancé, je pense qu’il faut intégrer la jeunesse aussi."
"La nouvelle génération n’est pas prête. Elle a un peu la tête dans tout ce qui est coupé-décalé, génération pressée pressée."
Pour le journaliste et analyste politique André Silver Konan, ces anciens de la politique ivoirienne, qui ont tous dirigé la Côte d’Ivoire, refusent d’abandonner la course au pouvoir parce qu’ils ne sont pas parvenus à préparer la relève.
"Si Henri Konan Bédié 86 ans, Alassane Ouattara 78 ans, Laurent Gbagbo 75 ans, rechignent à passer la main à une nouvelle génération, c’est tout simplement parce qu’ils ont échoué à construire une nation. C’est parce qu’ils ont échoué à avoir des héritiers. C’est un aveu d’échec en réalité", estime l'analyste.
Lire aussi → Présidentielle en Côte d'Ivoire: la santé des candidats fait débat
Parfait Kouakou Tehua, enseignant chercheur à l’université Alassane Ouattara de Bouaké explique pour sa part que le pouvoir est l’apanage des aînés en Côte d’Ivoire comme en Afrique.
Pour lui, il est inconcevable de voir un jeune tenir tête à une personne âgée. Les jeunes seraient là pour exécuter.
"Ces facteurs sont à la base de l’exclusion des jeunes. Premièrement, de manière culturelle ce sont les aînés qui prennent les décisions. Donc on est disqualifié en tant que jeune. Deuxièmement, pour faire de la politique quand même, il faut avoir un certain niveau de vie. Donc les jeunes deviennent la proie idéale des hommes politiques qui en font plutôt une forme de bétail", explique M. Tehoua.
Si le Conseil constitutionnel validait les candidatures d’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire rééditerait le scénario du premier tour de la présidentielle de 2010. Mais avec toujours avec les mêmes acteurs, les jeunes seront-ils intéressés par ce scrutin? La réponse certainement au soir du 31 octobre prochain.