Bush face au scandale de la torture en Irak
6 mai 2004Le président Bush a expliqué aux téléspectateurs arabes qu’une démocratie n’est pas toujours parfaite, écrit die Welt. Une grande concession pour une puissance mondiale, mais cela ne suffit pas. Il faut espérer que les faits parleront plus clairement que le discours de Bush. Si le nouveau commandant des prisons américaines en Irak et la conseillère à la sécurité nationale se sont excusés auprès de la population irakienne, leur président, lui, n’en n’a même pas été capable.
La Berliner Zeitung estime également que le gouvernement américain devra faire plus qu’une intervention télévisée pour limiter les dégâts. Pour le quotidien, des excuses crédibles, une enquête précise sur tous les cas semblables et une punition sévère de toutes les bavures et de tous les crimes militaires seront nécessaires. Pourtant les premières mesures sont loin d’être encourageantes, poursuit le journal de Berlin. C’est Geoffrey Miller qui a été nommé nouveau commandant des prisons américaines en Irak. Auparavant il dirigeait la prison de Guatanamo à Cuba, zone de non-droit par excellence.
Peu importe ce que raconte le président Bush aux télévisions arabes, on ne le croira pas, écrit quant à elle la Tageszeitung. Après tout jusqu’à présent il n’a fait que parler de bien et de mal et il a prétendu avec arrogance pouvoir attaquer un pays, soi-disant pour lui apporter la civilisation et la démocratie. Une tentative qui n’a pas seulement échoué, conclut le journal, les images de torture ont maintenant détruit la crédibilité des Américains, mais aussi la crédibilité de l’ensemble de l’occident.
Pour la Süddeutsche Zeitung, le scandale des tortures et des abus militaires américains en Irak vient confirmer définitivement un grave soupçon : celui qu’avec le gouvernement Bush, l’Amérique perd progressivement ses valeurs. Les Etats-Unis ont des exigences hypocrites, écrit le quotidien de Munich, car ils prêchent une morale que le pays lui-même ne respecte pas. Ce soupçon existe depuis l’élection présidentielle de l’an 2000, lors de laquelle George W. Bush est arrivé au pouvoir par des moyens douteux. Un soupçon qui a depuis été nourri par toutes les grandes décisions politiques du gouvernement. Des décisions qui ont montré la puissance et la détermination de l’Amérique, mais certainement pas son respect des valeurs morales.