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Brexit : ce qui va se passer en cas de « No deal »

14 décembre 2020

Bruxelles et Londres ont décidé de prolonger les discussions sur l’après-Brexit. Un message destiné aussi à d’autres pays: sortir de l’UE ne sera pas facile.

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Les dirigeants britanniques et européens jouent les prolongations
Les dirigeants britanniques et européens jouent les prolongations Image : Olivier Hoslet/AFP

Dix-sept, c’est le nombre de jours qui séparent l’Union européenne et le Royaume-Uni de leur divorce… et pour l’instant, c’est le scénario du "No deal" qui se profile car aucun accord commercial n’a pu être négocié.

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Dimanche (13.12.20), alors que le dernier délai en date arrivait à expiration, les deux parties ont promis de prolonger les discussions sans se fixer de date limite pour qu’elles aboutissent.

Les divergences demeurent profondes, notamment sur le droit de pêche et l’accès des Européens aux eaux britanniques.

Depuis le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne. Et les négociations ont démarré le 1er février pour trouver un accord sur leurs relations futures.

La leçon du vote britannique

Selon Philipe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College de London en Grande-Bretagne, sortir de l’UE sera difficile pour d’autres pays :  

"S’il y a une leçon qui a été donnée, c’est la leçon du vote britannique qui a montré aux autres pays européens dans lesquels il y avait des composantes qui étaient aussi désireuses de faire la même chose que ce n’était peut-être pas une bonne idée. Et donc, ces personnes-là, ces courants-là, ces gouvernements ou partis d’oppositions se sont tus depuis lors. Il n’y a pas véritablement de nouveaux débats dans les pays européens pour une sortie."  

"Le Royaume-Uni est un pays seul qui n’est plus une grande puissance" (Philippe Marlière)

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Le 31 décembre, la Grande-Bretagne va abandonner, peut-être sans accord donc, le marché unique et l’union douanière européenne.

Dimanche, le Premier ministre britannique Boris Johnson a indiqué qu’un "No deal" restait le plus probable. Sans accord commercial, les échanges se feront selon les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ce qui pourrait entraîner des droits de douanes, des quotas, voire même des pénuries au Royaume-Uni, selon le professeur Philipe Marlière :

"Le principe du marché unique, c’est qu’il n’y a plus de droits de douane, donc c’est un manque à gagner, des frais supplémentaires pour les produits britanniques sans compter aussi le casse-tête logistique des deux côtés. Le Royaume-Uni est une île et donc a besoin d’être approvisionnée à travers l’acheminement des biens, de nourritures qui doivent passer la Manche."  

Londres et Bruxelles perdantes 

Sept mille camions pourraient stationner devant le détroit de Douvres qui sépare l’Angleterre de l’Europe continentale, avec des délais d’attente jusqu’à deux jours pour des contrôles douaniers, fiscaux et vétérinaires.

Des parcs de stationnement pour camions ont été construits près du port dans le comté de Kent. Londres s’attend à des coûts supplémentaires pour les entreprises britanniques à hauteur de 13 milliards de livres sterling.

Des entreprises comme Nissan dans la ville portuaire de Sunderland pourraient fermer à cause des longues files d’attente. L’usine Honda a interrompu sa production. On s’attend à des pertes de milliers d’emploi, même aussi pour les sous-traitants dans l’industrie automobile. Les services financiers ont déjà perdu leurs droits de travailler en Europe avec le retrait du Royaume-Uni de l’UE depuis cette année, et l’avenir de la City de Londres est incertain. 

Le sujet de la pêche est l’un des points de friction
Le sujet de la pêche est l’un des points de friction Image : Getty Images/AFP/A. Buchanan

L’industrie pharmaceutique aura besoin d’autorisations avant d’exporter ses médicaments vers l’Union européenne.  Londres devra s’acquitter de 30% de taxes douanières sur les produits laitiers, la viande de bœuf et 40% pour le mouton. Pour les agriculteurs britanniques qui ont voté en faveur du Brexit et qui ne s’attendaient pas à un "No deal", ce sera le coup de grâce avec la fin des subventions. 

Dans les aéroports, les touristes britanniques feront la queue dans le rang réservé aux non-Européens. Ils auront besoin d’une assurance internationale et d’un permis de conduire reconnu. En cette période de Covid-19, ils ne pourront pas se rendre au sein de l’UE.  Et même après, les propriétaires de résidences secondaires ne pourront pas passer plus de 90 jours par semestre dans l’union.

Sans un accord commercial, Londres va subir un véritable choc. L’UE représente 50% du volume des échanges de la Grande-Bretagne.

"Le gouvernement britannique a beaucoup plus à perdre dans l’histoire", selon le professeur Philippe Marlière. Il ajoute que le Royaume-Uni est "un pays seul qui n’est plus une grande puissance"

Mais les Pays-Bas, la Belgique, le nord de la France qui abritent des entreprises britanniques devraient ressentir le choc, l’Allemagne risque d’être la grande perdante, même si les entreprises allemandes s’étaient préparées au Brexit. Londres va passer de la 3ème place à la 5ème place en tant que partenaire de l’Allemagne.     

C’est peut-être la raison pour laquelle l’Allemagne insiste; pour Berlin il faut que les négociations continuent tant qu’un "accord est possible".