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Boko Haram fait trembler le Nigeria

6 janvier 2012

Une nouvelle attaque dans une église à Gombe a fait six morts jeudi soir : la secte islamiste marque ainsi la fin de son ultimatum. Elle avait donné trois jours aux chrétiens du nord pour qu'ils quittent la région.

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Les chrétiens du nord du Nigeria ont été encore endeuillés pour les fêtes de Noël
Les chrétiens du nord du Nigeria ont été endeuillés pour les fêtes de NoëlImage : Picture-Alliance/dpa

Avec cet ultimatum posé le 1er janvier 2012, la secte islamiste entendait montrer sa supériorité face au gouvernement nigérian. Depuis le 31 décembre, en effet, l'état d'urgence est en vigueur dans certains Etats du centre et du nord musulman du Nigeria. Des milliers de soldats ont été déployés pour faire la chasse aux islamistes, et le président a ordonné la fermeture des frontières : les grands moyens ont été déployés en réponse à la vague d'attentats de Noël qui avaient fait une cinquantaine de morts. Mais ces mesures ne semblent aucunement intimider Boko Haram. La secte multiplie les attaques, non seulement contre les églises mais aussi contre les bâtiments militaires, pour montrer que c'est elle qui commande dans le nord.

Goodluck Jonathan a opté pour la fermeté et décrété l'état d'urgence dans le nord du pays
Goodluck Jonathan a opté pour la fermeté et décrété l'état d'urgence dans le nord du paysImage : picture-alliance/dpa

Jeudi, l'attaque de l'église à Gombe, dans le nord-est du pays, a fait six morts. Ce pasteur Johson Ndiorey témoigne : « Nous étions dans l'église en train de prier, lorsque nous nous sommes retrouvés sous le feu des assaillants. Certains de nos fidèles se sont écroulés sur le champ, atteints par des balles. J'ai perdu mon épouse. Il est difficile d'avancer le nombre exact de blessés. Que Dieu nous vienne en aide ! ». Ce vendredi, 17 autres chrétiens ont été tués dans l'Etat voisin d'Adamawa. Des hommes armés ont ouvert le feu alors qu'un groupe de chrétiens de l'ethnie Igbo s'étaient rassemblés dans une maison pour pleurer la mort de proches tués jeudi soir dans une autre attaque.

Vers une guerre civile ?

Boko Haram avait également prévenu que les islamistes combattraient les troupes gouvernementales dans les zones où l'état d'urgence a été décrété. Il semble que la guerre entre Boko Haram et le gouvernement ait déjà commencé. Et cette guerre sera difficile pour Goodluck Jonathan. D'une part parce que ce chrétien du sud n'est pas apprécié dans le nord du pays : de nombreux responsables politiques musulmans n'ont toujours pas accepté sa victoire de 2011. Et d'autre part, parce que la tension sociale est à son comble ces derniers jours, avec la hausse du prix du carburant. Le fossé se creuse entre la population et le gouvernement, et la pauvreté est un terreau idéal pour les groupes extrémistes comme Boko Haram. Selon Bérangère Rouppert, spécialiste de la sécurité au Sahel, il y a même un risque d'extension de l'influence de Boko Haram en dehors du Nigeria, car, comme avec AQMI - Al-Qaïda au Maghreb islamique, présent dans les pays voisins au Mali ou au Niger - « les populations « abandonnées » se tournent de plus en plus vers des groupes terroristes à même de leur prodiguer ce dont elles ont besoin ».

Pour en savoir plus sur les répercussions de la crise du carburant dans la région : écoutez ci-dessous le reportage de notre correspondant au Bénin : Rodrigue Guézodjè. Les Béninois ont pris d'assaut les stations services, car le prix de l'essence a triplé !

Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Anne Le Touzé