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Berlin reprend la main

4 février 2011

A l'occasion du sommet des 27 chefs d'Etats et de gouvernements aujourd'hui à Bruxelles, l'Allemagne et la France se sont associés pour présenter un plan de sortie de crise.

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Manifestants brandissant à Bruxelles des caricatures de Herman Van Rompuy, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel
Manifestants brandissant à Bruxelles des caricatures de Herman Van Rompuy, Nicolas Sarkozy et Angela MerkelImage : dapd

Accusée il y a un an d'avoir tardé à venir en aide à la Grèce, l'Allemagne prend cette fois l'initiative. Berlin propose en effet un « pacte de compétitivité » qui reprend l'idée française du « gouvernement économique ». Il s’agit d’harmoniser les différentes politiques en matière fiscale ou encore sociale. Mais les modalités concrètes restent à préciser. Par exemple, l'Allemagne souhaite promouvoir au niveau européen la retraite à 67 ans, une harmonisation du taux de l'impôt sur les sociétés ou encore une modération des salaires. Or, ces derniers points vont donner lieu à d'intenses négociations en particulier parce que l'Irlande refuse de remettre en cause son impôt sur les sociétés à 12,5%, le taux le plus bas d'Europe.

Pourquoi faudrait-il harmoniser ces différences entre les états?

Pour réduire les écarts de compétitivité entre les Etats qui nuisent à la solidité de la zone euro Mais nous sommes ici dans un grand marchandage avec le Fonds européen de stabilité financière comme enjeu. Ce mécanisme, créé en mai 2010, dispose d'un capital de 750 milliards d'euros pour venir en aide aux pays en difficulté. L'Irlande en a déjà bénéficié. Mais sur ces 750 milliards, seuls 460 sont mobilisables, le reste représentant des garanties. Or, la Commission européenne souhaite augmenter ce fonds. Au départ opposé à cette idée, Berlin pourrait y consentir à condition que ses propositions sur la gouvernance économique soient acceptées.

En quoi est-ce que le "pacte de compétitivité" présenté par Berlin est une bonne nouvelle pour l'Europe?

Parce que comme le rappelait le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, dans une tribune publiée aujourd'hui par le quotidien Le Monde, « l'intégration européenne a toujours été renforcée par les crises. » Désormais, l'Europe a une chance de sortir de cette crise par le haut en harmonisant ses politiques non seulement économiques mais aussi fiscales et sociales. Mais l'initiative vient de Berlin et Paris, non de Bruxelles. C'est donc une vision intergouvernementale de l'Europe qui est en train de s'imposer au détriment de la Commission qui se trouve mise sur la touche alors que c'est elle qui, selon les Traités, a le pouvoir d'initiative.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Sandrine Blanchard