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Baya Ciamala diffuse la musique congolaise par streaming

9 décembre 2021

La plateforme de streaming Baziks lancée en juillet 2016 a pour ambition de rassembler le plus grand nombre d’artistes congolais et de rendre  la musique congolaise accessible pour toutes les bourses.

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Baya Ciamala, promoteur de la plateforme de streaming Baziks
Baya Ciamala, promoteur de la plateforme de streaming Baziks Image : DW

Journaliste et animateur radio de profession, Baya Ciamala est très vite séduit par le monde des médias.  Son goût prononcé pour la musique et spécialement le rap et le Rnb le pousse a très vite s’investir dans la sphère musicale congolaise jusqu’à en devenir une figure incontournable. Depuis 2017, il porte un projet ambitieux : démocratiser la musique congolaise et par ricochet participer à la structuration du marché musical digital congolais.   

"Je suis Baya Camala, fondateur de la plateforme de streaming musical de la RDC, Bazik ou Baziks, comme vous voulez ! Nous sommes disponible sur la plateforme Google Play. Nous proposons aux mélomanes d’écouter ou de découvrir les artistes du Congo ou d’Afrique qui aiment la musique. Ceux qui aiment découvrir et soutenir les artistes. La plateforme est arrivée à un moment où la musique congolaise était boycottée par la diaspora et il s’est fait que la musique congolaise a commencé à chuter en terme de vente et de notoriété. Au cours d’une discussion avec des amis on s’est dit qu’il fallait trouver quelque chose pour permettre à la musique congolaise de revenir. Il faut libérer la musique congolaise parce qu’elle est bloquée, elle est emprisonnée et embrigadée dans des polémiques politiques stériles. Donc, il faut libéraliser l’espace musicale pour que la musique congolaise puisse retrouver sa place. Pour nous l’objectif c’est vraiment de parvenir à faire adopter le streaming en RDC. Il y a des vendeurs ambulants qui exploitent la musique congolaise ou internationale sans que les artistes, les producteurs, les éditeurs, les ayants droit puissent en bénéficier. Eux, ils prennent les chansons  sous format MP3 qu’ils mettent directement dans leur ordinateurs et ils les donnent aux gens qui sollicitent ce type de chanson. Ils se font de l’argent sur le dos des artistes. Notre idée n’est pas de leur dire arrêter, vous n’avez plus de boulot, notre idée c’est de leur montrer qu’ils ne sont pas réglementaires. Prenez ceci, revendez, vous aurez une commission ainsi nous permettons de rémunérer les artistes et les producteurs parce qu’en fin de compte va permettre de mettre tout le monde d’accord, entre la piraterie et la vente qui respecte les droits d’auteur, ça change tout et ça crée une très grande différence."

Ecoutez le reportage de Wendy Bashi

A lire aussi : "Lettre à ya Tshitshi" avec Bob Elvis

Téléchargement sur Google play 

Baziks  est aujourd’hui disponible sur Google play et compte 15 603 abonnés. Kasmal en fait partie. Il habite à Goma et utilise l’application depuis ses débuts.

"Je vis à Goma et j’utilise Bazik. Ce que j’aime bien avec Bazik c’est le fait que c’est une application qui propose des musiciens locaux. Quand on utilise Spotify ou Deezer, il y a des artistes congolais locaux que l’on ne parvient pas à retrouver. Bazik nous aide à retrouver facilement les chansons des artistes locaux. Par exemple, il y a des artistes comme Bob Elvis et d’autres artistes de Kinshasa qu’on ne peut pas retrouver parce qu’ils ne sont pas encore sur Spotify ou Deezer, Bazik nous facilite par rapport à cela. Ce qu’il y a de particuluer chez Bazik contrairement aux autres plateformes de streaming c’est le mode de paiement. Le mode de paiement des autres applications ne facilite pas les Congolais. Ce n’est pas tout le monde qui a la possibilité d’avoir une carte de crédit mais avec le Pass Miziki de Bazik c’est plus facile. Ce pass nous permet de payer les chansons selon notre budget."

L'artiste congolais Bayoka à Kinshasa
L'artiste congolais Bayoka à KinshasaImage : Dirke Köpp/DW

Michael Kalamo est un jeune opérateur culturel basé à Goma. Il connaît Baziks et trouve que c’est une petite révolution dans le monde digital en RDC.  Cependant, comme pour plusieurs entreprises, il déplore le manque de marketing qui pourrait permettre de mieux faire connaître l’application.

"Je pense que c’est une très bonne application. C’est une innovation puisqu’il n’y en a pas beaucoup en RDC. Pour moi c’est quelque chose à encourager et c’est un business potentiel. Ce que j’ai aimé sur l’application c’est le fait qu’elle mette en avant la musique congolaise, en plus c’est une application qui est faite localement et qui permet à ce que les artistes congolais puissent être mis en avant, ce qui est différent pour Deezer par exemple, où on ne sait pas comment ça marche, ou encore Spotify, ça va être totalement différent. La dernière fois que j’ai suivi une interview de l’un des fondateurs de Bazik, je pense qu’ils ont dit qu’ils sont à 10.000 followers ou peut être plus. Mais ce serait plus intéressant s’il y a beaucoup plus de personnes qui s’abonnent et l’utilisent comme ça il y aura une très bonne visibilité pour la musique locale. La plus grande difficulté pour la plupart des entreprises qui travaillent dans le digital au Congo c’est le manque de promotion. Il suffit de voir pour constater que Deezer ou Spotify font plus  et s’affichent stratégiquement. Récemment Spotify a fait savoir qu’ils s’implantaient au Congo cela a eu un effet direct ! Plusieurs congolais se sont connectés à la plateforme à Goma ici ou encore à Kinshasa. Mais cela va être différent pour Bazik. Les personnes qui sont connectées dessus c’est parce que c’est une plateforme congolaise  et cela relève du volet marketing qui restent un défaut pour plusieurs entreprises congolaises."

Le prix à gagner

L’une des questions qui revient souvent quand on parle des artistes, c’est leur rémunération.

"Les artistes sont plus dans les concerts parce qu’il n’y a que ça qui marche en terme de musique. Il faut plus de musique, plus de tournée… En termes de droit d’auteur, ils touchent très peu d’argent, voir pas du tout. En terme de vente, tant que les plateformes congolaises ne vont pas couvrir le marché congolais et que les Congolais ne vont pas aller vers les plateformes, ça ne va jamais rapporter de l’argent aux artistes. C’est ça le grand challenge que nous avons justement dans ce domaine, permettre aux artistes de toucher du revenu au delà du concert et des « mabanga » les dédicaces que l’ont fait en studio en citant le nom d’une personnalité, d’un mécène ou d’un sponsor, c’est e toucher du revenu dans les droits et dans les royalties des œuvres musicales."

En RDC, comme partout ailleurs, le secteur souffre de piraterie et autres défis à relever. Pour Baya Ciamala, il n’y a pas de secret, il va falloir investir dans les droits d’auteur pour permettre aux artistes de vivre de leur métier.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash