Aux grands mots...
20 janvier 2011L'accord trouvé hier aurait pu l'être beaucoup plus tôt, estime la Frankfurter Rundschau. Mais voilà, Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances, a fait sa mauvaise tête et a refusé d'augmenter tout de suite certaines déductions fiscales. L'effet de cette mesure pour chaque contribuable est si faible qu'on pourrait donner raison au Grand Trésorier. Mais faire de la politique, c'est aussi agir de manière emblématique. Si la coalition au pouvoir à Berlin, avec ces mesures d'allégement fiscal, avait voulu démontrer sa détermination et sa cohésion, c'est loupé. De nouveau, elle a offert l'image de la désunion.
La coalition d'Angela Merkel cherche des thèmes fondateurs en matière d'identité politique, analyse die Welt. Seulement, les députés de base sont tous d'accord sur le fait que les promesses électorales faites en 2009 étaient justes et bonnes. Ils aimeraient bien que leurs chefs réfléchissent sérieusement à la manière de les honorer. Sinon, la base se retournera contre ses dirigeants.
Un début en fanfare
La politique européenne intéresse aussi les gazettes à la suite du discours d'intronisation du Premier ministre hongrois Viktor Orban dont le pays assure la présidence de l'Union Européenne pour les six prochains mois. Apparement, le discours démocratique n'est pas sa tasse de thé, remarque la Süddeutsche Zeitung. Réagir aussi vivement aux critiques des députés européens contre la loi sur les médias mise en œuvre par Budapest, c'est manquer de sens de la démocratie. C'est une attitude que l'on connaît des autocrates ou de ceux qui souffrent de « napoléonite ». Les 27 ont maintenant un problème. Au cours des six prochains mois, l'Europe va avoir à sa tête un homme qui, en cas de problème, préfère le populisme à la réflexion sur les valeurs fondamentales européennes.
N'exagérons pas, réfute la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il faut calmer le jeu et dépassionner le débat sur cette loi. La Hongrie n'est pas sur la voie de la dictature. Mais Budapest ne doit pas considérer les souhaits de modification exprimés par la Commission comme une ingérence intolérable, mais comme une contribution légitime. Il est dommage que la première présidence européenne de la Hongrie prenne un tel départ. Tous les acteurs européens doivent prendre garde à ne pas se brûler les ailes dans une médiatisation acharnée de cette polémique. L'Europe a bien d'autres soucis, conclut le quotidien.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Sébastien Martineau