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"Aujourd'hui, nous assistons à des attaques ciblées"

Simon Jung
17 février 2020

Au cours d’une interview qu’elle a accordée à la DW, la ministre centrafricaine de la défense, Marie-Noëlle Koyara, accuse les groupes armés de contrôler plusieurs régions riches en ressources naturelles.

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Rebellen in Bangui
Image : DW/Simone Schlindwein

"Aujourd'hui, nous assistons à des attaques ciblées" (Marie-Noëlle Koyara, ministre de la défense de la RCA)

Selon Marie-Noëlle Koyara, ces groupes armés contrôlent les régions minières pour pouvoir se faire de l'argent et acheter des armes dans le but de continuer à mener la guerre. Mais elle indique aussi que des efforts sont consentis pour résorber l’insécurité notamment dans le quartier du P5 de Bangui.

La ministre centrafricaine de la défense s’est exprimée en marge de la 56e conférence sur la sécurité de Munich qui s’est clôturée dimanche (16.02.2020).  

Pour écouter son interview, cliquez sur la photo (ci-dessus). 

Simon Jung : Madame la ministre, 3/4 de votre pays est toujours contrôlé par les groupes armés. Quand comptez-vous réinstaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ?

Marie-Noëlle Koyara : jusqu'à l'année dernière, on parlait de 3/4 du pays. Mais, aujourd'hui, une bonne moitié du pays n'est pas occupée par les groupes armés. C'est surtout au niveau de certaines villes et naturellement, dans les zones les plus riches en ressources naturelles. Et vous comprenez bien que c'est stratégique pour ces groupes armés: occuper les zones riches en ressources naturelles pour pouvoir se faire de l'argent et acheter des armes pour continuer à résister.

DW: Mais la violence continue. La Croix-Rouge a réduit ses activités après s'être fait attaquer. Il y a régulièrement des attaques contre les civils. Comment mieux protéger les civils?

Marie-Noëlle Koyara : ce sont des attaques ponctuelles. Ce n'est pas généralisé comme en 2013, 2014 jusqu'en 2015. Aujourd'hui, nous assistons à des attaques qui sont ciblées dans certaines zones. Malheureusement, si les gens de la Croix-Rouge se retrouvent dans ces zones d'attaques, évidemment, ils deviennent des cibles aussi.

Des éléments du groupe rebelle, Seleka.
Des éléments du groupe rebelle, Seleka. Image : AFP/Getty Images

DW: Même dans les quartiers de Bangui, la sécurité et le règne des groupes armés continuent. La Minusca (la force de l’ONU en RCA) et les forces de l'ordre refont des patrouilles depuis quelques semaines. Est-ce que la situation s'améliore?

Marie-Noëlle Koyara : la situation s'améliore très bien, je peux vous le dire. Le quartier de Km 5 n'est pas un quartier musulman mais un quartier d'affaire. Le quartier populaire de la ville de Bangui. Donc, beaucoup d'éléments des anciens groupes armés se sont retranchés là-bas. Et ils se sont organisés en auto-défense. Et ça bloqué les activités commerciales.

Il y a eu des initiatives ou les commerçants se sont organisés pour essayer de mettre hors d'état de nuire les groupes d'auto-défense. Donc, aujourd’hui, tous ces groupes d'auto-défense qui sont au moins une centaine ont écrit au gouvernement. Ils veulent déposer les armes. Les commerçants aussi sont d'accord pour déposer les armes. Donc, ce qui se passe aujourd'hui, ces patrouilles, c'est pour justement continuer à sécuriser cette initiative prise au niveau du Km 5 pour qu'il y ait pas d'autres infiltrations qui viennent perturber cette initiative louable d'aller à la paix.

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