Au Bangladesh, l'armée forme un gouvernement intérimaire
5 août 2024"L'honorable Première ministre a démissionné de son poste et nous allons former un gouvernement intérimaire pour diriger le pays", a déclaré ce lundi 5 août à la télévision d’Etat le chef de l’armée du Bangladesh, le général Waker-Uz-Zaman. Cette annonce pourrait conclure près d’un mois de manifestations antigouvernementales violemment réprimées, dans lesquelles au moins 300 personnes ont perdu la vie.
Lundi, des centaines de milliers de personnes étaient à nouveau allées battre le pavé, après un dimanche de protestation particulièrement sanglant.
Fuite en hélicoptère
C’est à bord d‘un hélicoptère que la Première ministre Sheikh Hasina, arrivée aux commandes en 2009 pour un deuxième mandat, a fini par prendre la fuite, alors que des manifestants prenaient d’assaut son palais.
Un bilan provisoire de la police et des hôpitaux ont fait état de plus de 50 morts dans les émeutes.
"Ne perdez pas confiance en l'armée, a lancé le général Waker-Uz-Zaman. Nous répondrons à vos demandes et nous ramènerons la paix et l'harmonie dans le pays. Je vous demande à tous de soutenir l'armée et de mettre fin à la violence, aux meurtres, au hooliganisme et aux manifestations."
De son côté, le président du pays a ordonné la remise en liberté de manifestants emprisonnés, dont l'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition Khaleda Zia.
Crise politique et économique
Les manifestations au Bangladesh sont nées de la colère d’étudiants dénonçant au départ les règles d’embauche dans l’administration, un système dans lequel les proches du pouvoir bénéficiaient de faveurs pour accéder à des postes de fonctionnaires, pendant que le chômage frappe durement les jeunes diplômés.
"Ce n'est pas seulement la fin du tyran Sheikh Hasina. Nous mettons fin à l'État mafieux qu'elle a créé", se félicite Sairaj Salekin, un étudiant, qui ajoute toutefois que le Bangladesh n’a pas besoin "d'un gouvernement militaire" et promet que les manifestants veilleront à ce qu’un gouvernement civil voit le jour.
A l’international, l'Union européenne a jugé essentiel qu'une "transition ordonnée et pacifique vers un gouvernement démocratiquement élu" soit assurée.