De nouveaux centres pour réfugiés font débat en Allemagne
1 août 2018"Ankerzentren". Un terme difficilement traduisible en français, puisqu'il regroupe le pluriel de Zentrum, le centre, mais aussi les premières lettres de An(kunft), k(ommunale Verteilung),E(ntscheidung) und R(ückführung). Soit arrivée, répartition commmunale, décision et renvoi. Quoi qu'il en soit ces nouveaux centres, dont sept ouvrent ce 1er août en Bavière dans le sud-est de l'Allemagne, ont un but simple affiché par leurs promoteurs : accélérer les procédures d'instruction des demandes d'asile.
Une idée simple au premier abord apparue lors des dernières négociations de la grande coalition en Allemagne dont on a tant parlé. Le ministre de l'intérieur fédéral Horst Seehofer, en conflit avec Angela Merkel sur la question de la politique migratoire, originaire de Bavière où auront lieu des élections en octobre, y était favorable. Ce n'est pas un hasard si les sept centres qui ouvrent ce mercredi sont dans sa région.
Ces centres sont prévues pour accueillir jusqu'à 1500 personnes à la fois. Ils doivent également regrouper tous les services qui gèrent les personnes demandeurs d'asile au même endroit. De l'office des étrangers, en passant par la justice, les services jeunesse ou encore ceux de l'emploi. Un vrai plus pour Joachim Hermann, le ministre de l'intérieur et de l'intégration en Bavière. "Tous les fonctionnaires en charge des demandes sont au même endroit et c'est justement ce regroupement qui doit aider à prendre les décisions plus rapidement", répète-t-il à qui veut l'entendre depuis plusieurs jours.
Renvois plus rapides
Prendre les décisions plus rapidement pour renvoyer plus rapidement ceux qui n'obtiennent pas de titre de séjour et mieux insérer les autres dans la société, c'est l'idée. Les familles doivent rester six mois sur place maximum avant d'avoir une réponse. Dix-huit mois pour une personne seule.
Mais, comme certains élus ou associations, le directeur du conseil pour la migration en Allemagne Werner Schiffauer ne croit pas en l'efficacité du dispositif. "Ce qui va se passer, c'est que ça va accélérer la procédure pour ceux qui viennent de zones de guerre, comme les Syriens par exemple. Mais pour les cas compliqués comme les Afghans, cela ne changera rien", assure-t-il.
Une prison pour dissuader
Et puis la méthode et le principe de ces centres de regroupement sont aussi très critiqués. Werner Schiffauer parle d'une politique d'intégration qui débute mal. "Nous savons que l'aggravation des conditions est en partie traumatisante pour les réfugiés, parce qu'ils sont soupçonnés de vouloir escroquer des avantages et cela augmente généralement la distance qu'ils prennent par rapport au pays d'accueil". D'autres évoquent même le terme de "prison" en parlant de ces centres. Comme un signe envoyé aux migrants qu'ils ne sont pas les bienvenus. Pour l'heure, sept centres doivent donc entrer en service pour l'instant. La phase de test doit durer 6 mois avant qu'une décision de multiplier leur nombre ou pas soit prise par le gouvernement.