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Algérie : arrestations en série de militants du Hirak

Avec agences
19 juin 2020

Arrestations et procès se multiplient ces derniers jours en Algérie contre les militants du Hirak et les contestataires du régime. Mais la répression pourrait être contre-productive pour le pouvoir.

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Les arrestations et procès récents pourraient provoquer un nouvel élan du Hirak
Les arrestations et procès récents pourraient provoquer un nouvel élan du HirakImage : Getty Images/AFP/R. Kramdi

"Le pouvoir profite de la pandémie pour arrêter le maximum d'activistes", s'énerve le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme Saïd Salhi. En effet, 200 arrestations ont eu lieu depuis  début mars : des figures du mouvement, des militants politiques ou encore des inconnus. Les procès se multiplient également. Le rythme s'accélère même depuis quelques jours. Ce jeudi 18 juin, par exemple, plus de 20 opposants ont été appelés à comparaître devant les tribunaux. Une soixante seraient déjà en prison en ce moment. 

Délits d'opinion

En l'absence de manifestations à cause de la Covid-19, on leur reproche des délits d'opinions avec, par exemple, des publications sur Facebook. Les associations de défense des droits de l'homme rapportent aussi des cas de domiciles perquisitionnés et même de téléphones portables confisqués. Reporters sans frontières a aussi tiré la sonnette d'alarme concernant des poursuites engagées contre des journalistes.  

Par ailleurs, fin avril, les députés algériens ont adopté un nouveau code pénal. Il permet notamment de poursuivre ceux qui publient de "fausses informations portant atteinte à l’ordre public et à la sûreté de l’Etat". Ces termes larges permettent de poursuivre facilement et sont dénoncés par les opposants.

Abdelaziz Bouteflika avait démissionné le 2 avril 2019 sous la pression des manifestations
Abdelaziz Bouteflika avait démissionné le 2 avril 2019 sous la pression des manifestationsImage : Reuters/R. Boudina

Tensions sociales

Mais tout cela ne semble pas stopper le mouvement du Hirak, pas pour l'instant en tous cas. "Les condamnations de manifestants renforcent le scepticisme des Algériens", estime Brahim Oumansour, de l’Institut de relations internationales et stratégiques basé à Paris. Malgré la pause des manifestations. Malgré l'élection d'Abdelmadjid Tebboune en décembre dernier. 

La répression pourrait même jouer dans le sens inverse. Dans la population, certains s'interrogent sur la bonne volonté du pouvoir de renforcer la démocratie tout en allant à la confrontation avec les militants du Hirak. Ainsi, la colère gronde, et pas seulement dans la capitale. Et si cette colère est politique, elle est aussi sociale avec ces manifestations ailleurs qu'à Alger, comme à Ouragala, plus au nord, le week-end dernier. Beaucoup crient leur détresse notamment face au chômage. 

"Instrumentalisation de puissances étrangères"

Des quotidiens font aussi le lien entre des troubles récents dans le Sud du pays à Tin Zaoutine et la situation sociale sur place. Toute une sériede raisons pour lesquelles les militants du Hirak ne veulent pas baisser les bras. Des appels à manifester, malgré l'interdiction toujours en cours face à la pandémie, sont d'ailleurs lancés ici et là ces jours-ci.

Une soixantaine de "prisonniers d'opinion" seraient derrière les barreaux selon le Comité national pour la libération des détenus
Une soixantaine de "prisonniers d'opinion" seraient derrière les barreaux selon le Comité national pour la libération des détenusImage : Getty Images/AFP

Le pouvoir peut en attendant compter sur certains soutiens, notamment universitaires. On a lu et entendu récemment en Algérie des attaques contre ce que certains nomment "un néo-Hirak", prétendument instrumentalisé par des puissances étrangères. 

Ce vendredi 19 juin, la répression se poursuivait. Le Comité nationale pour la libération de détenus évoquait cet après-midi encore de nouvelles arrestations.