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En Afrique du Sud, l'armée mobilise les réservistes

15 juillet 2021

Face à la persistance des pillages et des violences, l'Etat sud-africain annonce de nouveaux renforts militaires. Cette crise était prévisible. Interview

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Des soldats en patrouille à l'extérieur d'un supermarché à Vosloorus, dans l'Est de Johannesbourg (Archives - 14.07.2021)
L'armée a commencé ce jeudi à déployer des renforts militaires contre les pillardsImage : Themba Hadebe/AP Photo/picture alliance

Le président Cyril Ramaphosa avait déjà admis, quelques jours après leur éclatement, que les violences actuelles avaient un caractère inédit.

Alors, ce mercredi (14.07.2021), l'Etat a pris des mesures encore plus musclées en Afrique du Sud. Le ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula a annoncé le déploiement de 25.000 soldats supplémentaires pour aider à contenir la vague de protestations violentes qui secoue le pays par endroits. L'Etat va ainsi mobiliser tous ses réservistes dans ce qui devient l'une des plus grandes opérations militaires en 27 ans de démocratie.

Environ cinq mille militaires étaient déjà déployés pour assister la police.

Des munitions découvertes

Un policier essaie de maîtriser un groupe de pillards présumés, appréhendés dans un centre commercial (Archives - Johannesbourg, 13.07.2021)
Ces troubles ont eu pour point de départ, le placement en détention de l'ex-président sud-africain Jacob ZumaImage : James Oatway/Getty Images

Le ministre de la Police Bheki Cele a annoncé la découverte de dizaines de milliers de cartouches de balles réelles dans une banlieue de Durban, indiquant que des gens s'apprêtaient à faire la guerre. 72 personnes sont mortes d'après les autorités, depuis le début des violences consécutives au placement en détention de l'ex-président Jacob Zuma.

>>> Sur le même sujet Jacob Zuma au-dessus de la justice sud-africaine ?

Dans le centre de Johannesbourg, beaucoup de magasins restaient fermés ce jeudi (15.07.2021) et certains commerçants, patrons et employés, déblayaient leurs devantures. Des rues restaient fermées par des barricades calcinées, des carcasses grises de voitures parties en fumée ponctuant le paysage. 

Selon Alain Ngono, analyste basé à Johannesbourg, ce débordement révèle un manque de préparation des autorités sud-africaines. "On remarque que chaque année, c'est un peu plus grave qu'avant", regrette-t-il. "C'est vrai que, l'arrestation de l'ex-président Jacob Zuma a servi d'élément déclencheur, mais jusqu'à présent, la bête à abattre était l'étranger... Aujourd'hui, il y a cet impact parce que ça touche les Sud-Africains eux-mêmes. Mais chaque année, cela arrive aux étrangers", témoigne encore Alain Ngono qui vit depuis au moins 20 ans en Afrique du Sud. 

L'élite noire mise à l'index

Alain Ngono : "Ce pays est géré à vue"

Plusieurs scandales de corruption éclaboussent des responsables politiques et des hauts cadres en Afrique du Sud. Certains citoyens appartenant aux autres communautés en dehors de la communauté noire, disent espérer qu'avec ces violences, les autorités vont prendre le malaise social à bras le corps. 

"Le pays est géré par ce que vous appelez 'élite noire sud-africaine' depuis 1994. Malheureusement, ils ne pensent qu'à piller", dénonce Alain Ngono qui ajoute que les mauvais comportements ont un "impact auprès des jeunes qui vont justement casser et qui cherchent la facilité".

Enfin, pour l'analyste, le déploiement de 25.000 soldats supplémentaires risque de ne pas être efficace. "Ils n'ont pas une vision précise de la solution à ce problème... Ce pays est géré à vue. Quand il y a un problème, ils font semblant de le résoudre et en réalité, ils ne le résolvent pas", constate Alain Ngono dont vous pouvez écouter l'interview ci-dessus. 

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum