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Abobo, commune déshéritée au centre de combats politiques

4 octobre 2018

Pas moins de six candidats se battent autour de la mairie d'Abobo lors des élections du 13 octobre dont un proche du président Ouattara. Pourtant, même l'eau courante est denrée rare dans cette commune peuplée d'Abidjan.

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Flüchtlinge Elfenbeinküste
Image : picture-alliance/dpa/J. Robert

"il ne faut pas qu’ils utilisent les gens comme du bétail électoral" (habitant d'Abobo)

La campagne pour l'élection couplée des municipales et des régionales en Côte d'Ivoire a commencé dans à Abobo. Dans cette commune qui a porté le président Alassane Ouattara au pouvoir en 2011, s'affrontent six candidats, dont trois étaient jusqu'à récemment des alliés.

Hamed Bakayoko, ministre de la défense et candidat de la coalition présidentielle, Albéric Mandjoba du parti PDCI de l'ancien président Henri Konan Bédié et Tefhour Koné un très proche du président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro, font partie des candidats dans la course pour la mairie d'Abobo située dans la capitale Abidjan qui compte à lui seul un million huit cent mille habitants.

 

Flüchtlinge Elfenbeinküste
Image : picture-alliance/dpa/L. Koula

Abobo, vivier électoral

Dans cette commune, il n'y a pas de grandes écoles, pas d'usines. L'eau et la sécurité sont des denrées rares. "Nous les femmes d'Abobo sommes fatiguées de la souffrance. Il n'y a pas d'eau à Abobo, nos maris ne travaillent pas. Nous voulons le changement. Mais nous voulons aussi un enfant d'Abobo qui connaît notre souffrance", confie Massiany Grah, commerçante renconrée par la DW à Abobo.

Ses propos sont confortés par ceux de Mamadou Kéita, un couturier : "Cette affaire de microbes (petits délinquants, ndlr), on ne sait pas comment ça va finir. Mais si quelqu'un peut venir nous aider à supprimer ça, alors ça nous intéresse. On veut qu'Abobo change pour devenir comme les autres communes, calme. Parce qu'Abobo, son nom est devenu tristement célèbre. C'est trop gâté même."

Cette commune cosmopolite a vu pourtant passer des illustres personnalités comme l'ex-première dame Simone Gbagbo en tant que députée de la région et trois ministres proches du président Ouattara qui ont, pendant 17 ans, dirigé la mairie ou siégé dans le Conseil municipal Aujourd'hui, la population d'Abobo se sent abandonnée depuis l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara.

Pour Adjara, une autre habitante d'Abobo, "le maire qui viendra, il ne faut pas qu'il utilise les gens comme du bétail électoral et qu'on ne le revoit plus quand il sera élu. On veut un maire qui peut nous aider."

Ousmane, jeune sans emploi a une idée précise de ce dont la commune a besoin : "d'un maire qui vit ici pour voir les réalités en même temps que nous. On nous a fait beaucoup de promesses à Abobo mais on n'a rien vu."

 

Elfenbeinküste Mann sammelt Plastik-Müll aus Abwasserkanal
Image : Getty Images/AFP/S. Kambou

Le ventre guidera certains choix

Massiany Grah sait aussi déjà ce qui guidera son choix le13 octobre 2018. "Mon premier candidat", assure-t-elle, "c'est mon ventre. C'est lui mon candidat."

Au moment du passage de la DW à Abobo, il n'y avait pas une grande ambiance dans les différents états-majors de partis politiques. Première escale : le quartier général de Tefhour Koné, le candidat proche de Guillaume Soro. Ici l'heure est à la distribution des tee-shirts. Le candidat, natif de la commune, est conscient du problème des jeunes délinquants appelés microbes.

"Abobo est une commune marginalisée, une commune où la pauvreté va finir par transformer les enfants en microbes. Je voudrais dire ici que ma candidature est une candidature de révolution, une candidature de révolte", promet-il aux électeurs.

Malgré les embouteillages, l'équipe de reportage de la DW parvient tard dans la soirée à rencontrer le candidat du parti démocratique de Côte d'Ivoire (le PDCI). Natif et résident d'Abobothé, (un petit village qui a donné son nom à la commune) Albéric Mandjoba dit vouloir "créer des centres d'écoute (pour les enfants délinquants, ndlr) les réintégrer dans la société en les formant à des métiers et puis derrière, faire en sorte que, en les occupant sainement, ils puissent se détourner de cette voie-là. Encore mieux, il faudrait qu'on ait une zone industrielle à Abobo pour que les jeunes gens ne soient pas oisifs mais qu'on puisse leur donner du travail."

Abobo restera-t-elle un bastion du parti présidentiel, le RDR, ou cette commune passera-t-elle dans le camp des pro-Soro ou encore celui du PDCI d'Henri Konan Bédié ? 

Ce sont au total 684 candidats et 389 indépendants qui sont à la conquête des 6.498.215 électeurs répartis dans 31 circonscriptions pour les régionales et dans 201 pour les municipales.